7 juillet, 1ère étape:
Il est temps d'entreprendre notre première étape en mer Baltique. 200 milles nautiques à courir vers l'est le long des côtes danoises, puis au large jusqu'à l'île Bornholm.
Un coup de vent d'est étant annoncé pour le lendemain soir, nous précipitons notre départ pour ce soir 22h, après un diner au yacht club de Schilksee-Strande avec d'autres marins. J'équipe Boisbarbu de son foc de route pour faire face au vent d'est, de face, qui risque de nous tomber dessus en fin d'étape. Pour 200 milles, il nous faut 30 à 35h, mais si le vent d'est se lève trop tôt, ce sera 40 à 50h. Comme on dit aux Glénans : « Au près, 2 fois la route, 3 fois le temps, 4 fois la peine ! ». Si le soleil se couche vers 22h, il ne fait sombre qu'à 23h et la première clarté du jour apparait vers 2h30 du matin. C'est l'avantage d'être dans les hautes latitudes en été. Un long bord de près adonnant de 40 milles nous mène de nuit au sud de l'île de Copenhague, pour faire place à un vent d'ouest, parfois puissant (jusqu'à 32 nœuds) qui nous pousse au large, au nord de Rostock, puis au sud de la Suède.
Au lever du soleil, nous envoyons le spi tangonné, magnifique surface jaune de 88 m2 que nous affalerons 3 heures plus tard dans la brise montante, puis le soir le spi asymétrique qui nous fait partir plusieurs fois au lof dans un vent de travers à 23N. Tout cela pour nous faire vivre de beaux moments de voile et du plaisir à la barre, aiguillonné par le stress équilibriste du spi. Sous le spi, une immense ferme d'éoliennes: une centaine. 32% de la production électrique du Danemark est produite par l'éolien, contre 2% en France !
C'est le surlendemain vers 4h du matin, que nous entrons dans l'avant-port de Ronne, ou nous attends Joël sur le canal VHF77, pour nous guider à un amarrage à cul et tourner nos amarres aux bittes du quai. Pendant ces 30 heures de voile, Evelyne et moi avons organisé nos quarts de manière intuitive. Sur une si courte période, il est difficile de prendre un rythme de quart régulier, alors nous comptons sur la confiance mutuelle et pour prendre son quart à chaque réveil. Dans les bruits de la coque, nos périodes de sommeil sont vite écourtées et au bout d'une demi-heure à une heure et demie de sommeil, on se réveille, pour proposer à l'autre de le relayer dans le cockpit. Ce ne sont que des demi-cycles de sommeil mais qui retapent son homme. Bien qu'on soit fatigué et un peu hagard à l'arrivée, la tension nerveuse ne s'évacue pas de suite, et il faut le temps de ferler les voiles, lover les drisses, doubler les amarres pour que ces manœuvres calmes et rassurantes nous permettent enfin de nous écraser d'un sommeil lourd sur la couchette.
Le beau temps chaud permet le séchage des voiles détrempées par les grains de la traversée. Le barbecue improvisé et convivial sur le quai du port de pêche de Roenne, se disperse sous la menace d'un grain qui nous arrive dessus en roulant ses nuages vrombissants. Par quel phénomène le ciel peut-il prendre des formes aussi dramatiques ? Le coup de vent nous frappe alors que nous nous calfeutrons dans le bateau qui tire violemment sur ses amarres. Mais la pluie ne s'invite finalement pas.
Roenne sur la côte sud de Bornholm est une petite ville calme et charmante, aux vieilles maisons ornées de roses trémières.
Svanake, à l'est de l'ile est encore plus belle, mais par ce vent d'est, le port est inaccessible et dangereux. Nous irons le visiter en bus.
13 juillet, 2ème étape:
Apres 5 jours bloqués dans le port de Ronne par un coup de vent d'est inattendu, nous reprenons la mer, ou peut-être la mer nous reprend elle… Mais aujourd'hui elle nous accueille et nous déroule son tapis rouge.
Pourtant au début de la traversée: 5 heures de pluie crépitent sur la cagoule de mon ciré, au rythme de 30 gouttes par seconde. Mais le vent adonnant de plus en plus, et ce n'est pas un hasard, puisque nous avions repéré ce moment sur les fichiers grib météo, les 215 milles (400 km)de notre traversée de l'ile danoise de Bornholm à l'île suédoise de Gotland vont se dérouler au vent portant et à grande vitesse, puisqu'il nous faudra que 30 heures. Nous nous souviendrons longtemps de ces heures de surf vent arrière, les voiles en ciseaux et génois tangonné, toujours à plus de 9 nœuds, avec des pointes à 12 nœuds. Grand plaisir de la glisse et de la vitesse, de l'équilibre et de la finesse à la barre. Nous nous tirons la bourre avec Jumbuck, le J109 de John et avec Pesk Ebrel, l'Allure 44 de Guido. Le plaisir de partager ces instants intenses avec d'autres voiliers, de ressentir chacun dans nos cockpits la force de la vague qui soulève la poupe du bateau, les deux gerbes d'eau qui s'élèvent devant l'étrave, l'exercice d'équilibriste à la barre, ces instants que nous pourrons évoquer autour d'un verre, une fois l'étape terminée, les corps détendus, les esprits reposés après 30 heures de mer.
Cette nuit-là il ne fera jamais vraiment nuit. Le soleil disparaît pudiquement derrière l'horizon à 22h30 en laissant juste sa robe de chambre rouge pourpre négligemment étalée dans le nord-ouest jusqu'à 2h du matin pour réapparaître par surprise dans le nord-est vers 4h. Même la lune s'est invitée pour cette courte nuit. Gonflée comme une orange, elle se pare ensuite de son masque verdâtre, pour nous séduire. Ses deux yeux, son sourire, … sont devenus si familiers.
Boisbarbu glisse rapidement sur l'onde dans un chuintement de la coque, mêlé de grincements des cordages sous tension. Evelyne dort profondément. Dans le cockpit, je me déplace et reconnaît parfaitement chaque drisse, sans avoir besoin de ma lampe frontale. Je pourrais presque lire. Mais la page de cette nuit n'est pas faite de papier et d'encre, mais d'eau, de sel et de vent. Le safran de Boisbarbu en est la plume, son sillage l'écriture.
Au matin, alors que Boisbarbu glisse en douceur sur une eau calmée par la côte de Gotland, tout nous parait silencieux, comparé au vacarme des vagues de la veille. J'ai le temps de remplacé le pavillon de courtoisie danois, par celui de la Suède. Respect du pays que l'on aborde, plus qu'obligation réglementaire.
A l'entrée du port de Visby, je démarre le moteur (toujours trop tard, comme le déplore Evelyne), et vérifie comme à l'accoutumée, si l'eau de refroidissement est bien refoulée du pot d'échappement. Non, elle ne sort pas, et en quelques minutes, le moteur va chauffer et casser. Je l'étouffe immédiatement pour demander de l'aide par radio VHF. Guido, sur Peks Ebrel n'hésite pas une seconde à me proposer un remorquage jusqu'au quai. Solidarité marine oblige. Guido est un excellent marin, et la manoeuvre d'accouplage et de remorquage dans le clapot, se fait calmement, sans avoir à beaucoup parler, chacun sachant exactement ce qu'il doit faire, Etrange retour de balancier que ce bateau hollandais qui me vient en aide, alors que j'ai aidé un de ses compatriotes 2 semaines plus tôt, également pour une panne moteur. Alors que le sommeil me taraude après une nuit de quarts, je me plonge dans la recherche de panne du circuit de refroidissement. Après le remplacement du joint papier de la pompe à eau du circuit primaire, le moteur est à nouveau parfaitement refroidi et l'eau sort normalement de l'orifice tribord à l'arrière de la coque. Ouf !
Boisbarbu est amarré cul à la grande jetée de Visby qui est trop haute pour qu'on monte à terre. J'installe l'échelle de bain, en guise d'échelle de quai. L'annexe de Boisbarbu étant très rapide à mettre à l'eau, puisque toujours pendue dans le portique, je vais renforcer l'amarre avant qui nous retient à un corps mort et fais le tour de mes voisins pour leur proposer la même manip'.
Visby est un endroit très prisé en Suède, pour les boites de nuit, les nuits festives et déjantées, ou la la jetset suédoise vient s'amuser et se défouler en été. Même le gouvernement et les partis politiques y organisent leur semaine de travail. Visby, très jolie petite ville est un genre de St Tropez suédois. Ce soir : « pot luck BBQ » sur le quai (barbecue ou chacun apporte son manger et sa bouteille : à la fortune du pôt), toujours sous le soleil suédois et la douceur du climat local.
16 juillet: 3 et 4ème étape
Ce matin-là, alors que nous pensions quitter Visby à 7h du matin, nous ne pûmes en partir qu'à 11h30. Au moment de gréer la grand-voile, je constate avec stupéfaction que la têtière de la grand-voile est déchirée et n'en n'a plus que pour quelques heures de mer pour se détacher de la voile. Les efforts sont énormes sur ce point de drisse, et à force d'étarquages de la drisse pour tendre le guindant de la grand-voile le long du mât, la têtière pourtant renforcée d'une douzaine de couches de dacron épais, a fini par céder. J'entreprends de coudre manuellement 2 sangles comme le ferait un maître voilier avec sa puissante machine à coudre. Traverser douze couches de dacron et 2 épaisseurs de sangle avec une aiguille me parait d'abord impossible. Il faut pré-percer chacun des trous ou l'aiguille pourra passer encore en force avec du fil enduit pour surliure. Les sangles sont collées à la voile par du ruban autocollant double face afin de rester parfaitement positionné pendant l'opération. Chaque point se déroule un peu plus rapidement que le précédent : l'entrainement puis une certaine dextérité s'installe. On sent le métier qui rentre !
Il nous reste 57 milles à courir pour arriver à l'île de Gotska Sandoen, que nous avalerons aisément sous spi tangonné et une bonne brise de sud-ouest. De quoi combler notre retard. Vers 21h, nous ancrons rapidement Boisbarbu et sautons dans l'annexe pour visiter la pointe occidentale de l'ile, sillonnée de pistes sablonneuses, boisée de pins courts ou se blottissent quelques cabanes du parc naturel et quelques campements de vacanciers à la recherche de calme et de nature. Retour tardif à bord pour un court diner et un somme d'une heure avant notre départ vers minuit.
Le spi est devenu notre voile d'avant du quotidien, comme étant la plus rapide.
Il est malheureusement entrecoupé aujourd'hui de séquences moteur, par manque de vent. Tallin, capitale d'Estonie, nous aspire sur 200 mille, par sa réputation de jolie ville fortifiée. Arrivés à Top marina, de Pirita, nous avançons nos montres d'une heure pour se mettre à l'heure locale: nous sommes dans la zone EET (Eastern European Time): UTC+3 en été. Sur les quais nous rencontrons par hasard Hélène et Jacques, sur La Licorne, deux autres oiseaux migrateurs que nous avions connu à Cagliari (Sardaigne) en 2008. Bière, souvenirs, projets, ... Christine et Annie nous arrivent de France, pour naviguer jusqu'à Helsinki.
Les oiseaux de mer
Contempler le vol d'un oiseau de mer est un plaisir dont l'homme de quart ne se lasse pas. Majestueux ou agile, rapide ou élégant, il est toujours efficace à se déplacer et à pêcher. A chaque mer ses oiseaux.
Parti de la Vilaine sous le flap sonore des Oies sauvages, et des incontournables Goëlands argentés (Herring Gull) ,
nous nous moquons du Grand Cormoran de Bretagne sud qui passe un quart d'heure de son temps à se sécher les ailes en éventails après chaque pêche avant de pouvoir s'envoler à nouveau. Cet handicap limite heureusement ce noir et goulu prédateur dans son appétit sans fin.
Je retrouve en pays bigouden l'Huitrier Pie (Oyster Catcher) au cri strident, long bec orange et plumage aux couleurs du drapeau breton,
les premiers Fous de Bassan (Gannet) en mer d'Iroise qui sont pléthores en Bretagne nord en particulier aux 7 îles (l'île de Rouzic en est couverte !) ou leur long vol majestueux est entrecoupé d'impressionnants plongeons de 30 m de haut, pour lesquels leur belle tête calottée de jaune aux yeux maquillés de noir, est équipée d'un air bag frontal qui se gonfle au moment de l'impact avec l'eau durcie par la vitesse.
Ils laissent la place dans les îles anglo normandes au Sterne Pierregrain (Common Tern), bruyant le soir dans les falaises de Sarcq, au vol rapide et fin, leur queue d'hirondelle et leur coiffe noire.
A l'île de Wight, je retrouve la mouette rieuse, à la tête noire, qui s'approche des plaisanciers avec insolence. Ne serait ce pas elle qu'on appelle en breton : Pen Duick ? La mouette rieuse nous accompagne en mer du nord.
Sur le canal reliant mers du nord et baltique, les canards Eider se reposent en famille, en bonne intelligence avec les Cygnes (Swan).
En mer baltique, très peu de faune, si ce n'est au large, le Puffin des anglais (Manx Shearwater), oiseau migrateur qui agite ses ailes trop fines pour soulever son lourd corps noir et blanc et se poser sur l'eau en quête d'un poisson devenu trop rare dans cette région. On n'a pas vu un seul bateau de pêche, ni même un dauphin !
Le climat en Baltique
Ayant prévu notre équipement pour des températures fraiches et un temps pluvieux comparables à l'Ecosse, nous sommes très surpris de trouver en Baltique, à des latitudes de 57 à 60° nord, un climat aussi doux et ensoleillé. Le maillot de bain a remplacé les polaires et le ciré, l'eau est ici bien moins fraiche qu'en Bretagne. Bottes, gants, bonnets, sont donc à laisser au placard. Tant mieux ! Nous sommes aussi frappés par la régularité des vents, en direction comme en vitesse. On a eu du nord-est, sud, sud-ouest, ouest¸ très stables pendant des heures. De plus les prévisions météo par fichiers grib se montrent très fiables. Mais ce qui il y a de plus agréable, ce sont les nuits, ou il fait jour ! Quel confort pour les quarts.
22 juillet: 5ème étape
Le parcours de Tallin à St Petersbourg est assez long (200 nautiques) dont les 2/3 sont en territoire russe, c'est à dire par des chenaux délimités dont on a aucun droit de sortir. Il y a toute une procédure à comprendre avant d'entrer en Russie, un pays ou on ne rigole pas avec le protocole et les formalités. Après quelques bords de près au large de l'Estonie, nous nous présentons devant la porte imaginaire de la Russie en pleine mer, ou nous devons rentrer en contact avec les gardes côtes russes pour leur déclarer les caractéristiques du bateau, les personnes d'équipage, notre destination, Les gardes côtes nous recontactent quand ils veulent pour nous demander notre position. Le jour suivant, je demande aux gardes côtes l'autorisation de quitter le chenal pendant quelques milles pour couper au plus court et porter la voile plutôt que d'être au moteur face au vent. J'essuie un Non catégorique. Il nous faut en conséquence parcourir de longs segments de route au moteur, en pleine mer, pour rester dans le chenal étroit parcouru par les cargos et tanker. Ces contraintes transforment une navigation qui aurait été intéressante, en un cauchemar ennuyeux. Ce "divertissement" se poursuit pendant 24 heures au terme desquelles nous approchons le checkpoint maritime de Kronstadt, 20 milles avant St Petersburg. Le chenal s'est encore rétréci et nous sommes rasés par les cargos, remorqueurs, dragueurs, navires de guerre, que nous tentons d'éviter en pleine nuit. Pas facile, et surtout usant pour les nerfs quand le manque de sommeil se fait sentir après 35 heures de mer. Nous avons des difficultés à identifier le quai en béton de la douane dans les baraquements militaires de Kronstadt entourés de barbelés. A 1 heure du matin, un homme est sur le quai, impassible, les bras croisés, insensible à nos questions et sollicitations lorsque nous lui tendons une amarre. Aussitôt Boisbarbu amarré sur de vagues fers à béton, l'homme monte à bord avec ses gros godillots pour fouiller le bateau. Bien qu'il ne se présente pas, nous comprenons à son uniforme qu'il est le policier d'immigration. Il cherche un éventuel passager clandestin dans les coffres de Boisbarbu. Notre dossier sous le bras, il nous attendait, savait exactement à quelle heure nous arriverions, suivant les indications des radars. Il nous emmène ensuite dans un cabanon en ferraille pour scruter les passeports de chacun des membres de l'équipage, l'air suspicieux et s'attachant à de multiples petits détails de nos passeports et de nos visages. Sans un rictus, il nous rend finalement nos papiers avec le tampon de l'immigration. Ouf, une étape de franchie. Nous devons attendre 9 heures du matin pour passer le contrôle douanier. Vers 10h, un douanier en civil apparait et m'emmène dans un dédale glauque de couloirs et bureaux. Il me présente des liasses de paperasses à remplir qu'il finira par déchirer en maugréant. Ayant visiblement la flemme de faire la visite douanière de routine dans le bateau, il me rend l'acte de francisation de Boisbarbu et tamponne l'acte de douane. Je lui demande si nous sommes libres de naviguer vers St Petersburg. Je devine à son hochement de tête que nous en avons fini avec les formalités. Ouf ! Ces types abusent de leurs pouvoirs de fonctionnaire et se complaisent à nous laisser dans l'incertitude. Encore 20 milles de navigation dans les chenaux de la baie de St Petersburg dans un environnement industriel délabré, parfois en ruines, des centaines d'immeubles inachevés, une pollution dense. Le chenal final, mal balisé, nous guide vers la marina bruyante ou une manœuvre dangereuse entre des pontons agressifs, m'amène à notre ponton, coincé dans un coin sale et sonore de la marina. Les pontons en bois disjoints grincent de tous leurs membres. Le bois est pourri, les taquets parfois manquants, mais ça y est, nous pouvons souffler et nous écrouler sur nos couchettes.
Cette mauvaise première impression de St Petersburg sera vite balayée les jours suivants, le repos aidant, par les visites de la ville, de ses monuments prestigieux et l'incontournable Musée de l'Hermitage, dont je garde ces 2 coups de cœur :
Je ne m'étendrai pas plus sur ces visites passionnantes puisque ce n'est pas l'objet de mon récit nautique. Je dirai juste : si vous voulez visiter St Petersburg, venez en avion plutôt qu'avec votre voiler. Un soir, alors que nous cherchons un restaurant dans un quartier populaire, nous faisons la connaissance de Sokolov Oleg, historien spécialiste de Napoléon, prof à la Sorbonne, participant à de nombreuses émissions de télé qui ont conduit Jacques Chirac à le décorer de la légion d'honneur. Nous passons une soirée délicieuse avec cet homme dans une cafétéria étudiante du quartier maximilien de St Petersburg.
Gérard