Ile de Wight, Belgique, Hollande, Allemagne

21 juin : C'est pour cette journée ci que mon parcours passe par Lymington. Pour cette opportunité unique que John m'a proposé l'an dernier, de participer à la régate « Around the Island ». Régate prestigieuse autour de l'île de Wight, vieille tradition britannique, ou les meilleurs sont venus se mesurer avec les habitués du Solent, connaissant toutes les astuces des courants de marée. 1600 voiliers au départ, soit une foule d'environ 10000 marins.

John a acheté ce J109 pour participer au Fastnet 2013 et c'est un grand honneur pour Gérard A et moi d'être invités dans son équipage. La veille au soir, nous rallions Cowes, haut lieu du nautisme britannique, ou les festivités ont commencé, et ou la bière coule à flot, pendant que certains équipages relisent les règles de course et élaborent les stratégies du lendemain en fonction des prévisions météo et des horaires de marées. La fébrilité sur les pontons de Cowes se poursuit tard dans la nuit.

Vers 5h30 du matin, John nous réveille pour une rapide collation et les ultimes préparatifs du bateau. C'est une fourmilière qui s'organise pour rejoindre la ligne de départ, rythmée par les coups de canon tous les quarts d'heure, à chaque départ d'une catégorie de bateaux.

Ayant régaté en France, je suis surpris par le calme et le fairplay des régatiers britanniques. Pas un cri mais des sourires, pas de passage en force mais de la courtoisie, là où nos régates françaises sont animées par des injures, des noms d'oiseaux et des hurlements pour se frayer un passage.

L'équipage : Rob, Alan, Alex, Chris, Mike, sont habitués à régater avec John sur Jumbuck. Les manœuvres sont exécutées très rapidement, sans faute, et sans avoir à donner un ordre. C'est l'harmonie d'un orchestre de chambre qui déroule sa partition sans une fausse note, pour ne pas perdre un dixième de nœud à chaque virement de bord. Gérard A et moi sommes sollicités pour quelques manœuvres, mais notre handicap du vocabulaire marin anglais nous confine souvent à la tâche ingrate du lest ambulant de bâbord à tribord. Mais quel spectacle que ces centaines de voiliers luttant pour gagner quelques longueurs. Ne jamais rien lâcher. Séquence concentration !

Le célèbre photographe Beken de Cowes est toujours là, de générations en générations pour capter l'événement avec un don artistique reconnu dans le monde entier. Ici devant les Needles, pointe ouest de l'île de Wight.

Le résultat est là : 81ème au classement général, et 7 ème dans notre catégorie. Chapeau bas, John. Nous y étions !

22 juin : Nous quittons la rivière de Lymington à 4h du matin, les sens encore émoustillés par la régate d'hier. Quel privilège que d'avoir pu y participer avec un tel équipage de haut vol. Chaque passage du Solent nous évoque des images de la course. Cette heure matinale nous permet un courant favorable, ce qui est primordial dans le Solent dont les courants contraires de 5 nœuds auraient pu nous bloquer sur place. Mon fidèle compagnon Gérard A est toujours à bord puisqu'il m'accompagne jusqu'à Kiel. Se sont ajoutés Evelyne bien sûr, et Richard, qui nous avait déjà rejoint à Lymington en 2010 pour retourner sur la France.

Les falaises crayeuses soulignent encore la côte sur bâbord lorsque nous nous résolvons à chercher un mouillage avant de pouvoir atteindre le port d'Eastbourne. J'avais repéré une baie abritée sous les falaises de Seven Sisters, mais l'accroche de l'ancre s'avère désastreuse dans les graviers rejetés par la rivière et sous la pression des rafales catabatiques tombant des falaises. Nous retournons sur nos pas vers le sud-ouest pour mouiller dans la grande baie peu abritée de Seaford ou le sable est de bonne tenue, même si le mouillage est rouleur. Notre sommeil alourdi d'une étape de 92 milles n'en souffrira pas.

23 juin : Départ du mouillage à 5h du matin sous l'œil distrait d'un phoque. D'après nos différents calculs et discussions, c'est l'heure qui nous parait optimale pour profiter des courants qui s'amplifient vers le pas de Calais et pour éviter de traverser le rail des cargos qui se resserre entre l'Angleterre et la France.

Les cartes de courants heures par heure, en fonction de l'heure de marée de Douvres sont notre lecture quotidienne. Nous restons côté anglais en flirtant avec le bord du rail et la baie de Folkstone. 71 milles nous amène dans l'imposant port de Douvres, ou Boisbarbu trouve une place dans la petite marina au fond du port. Les douches y sont bien chaudes et propres.

24 juin : Alors que nous sortons du port de Douvres, John, à bord de Jumbuck, son J109, nous appelle à la VHF. Il n'est qu'à quelques encablures du port, après 24h de navigation jour et nuit, puisqu'il a quitté Lymington le lendemain de notre départ. Fatigué par le sommeil, il renonce à naviguer de conserve avec Boisbarbu et préfère aller prendre du repos au port de Ramsgate. Ce matin, nous traversons le rail des cargos qui est assez calme. Seul un gros porte container de 350m de long, le « Qingdao » sera en route de collision avec Boisbarbu. Le dispositif AIS permet de localiser les navires en route de collision, de connaitre leur cap, leur vitesse, le délai avant notre croisement et la distance à laquelle nous nous croiserons.

Cet outil puissant dont Boisbarbu est équipé depuis 2010 ôte la plupart des incertitudes liées à ces situations de collision potentielle et nous offre une grande sérénité dans le rail de Douvres qui est l'un des plus fréquentés au monde. Vers midi, nous passons sur les premiers bancs de sable de la mer du nord : 4 mètres sous la quille, 2 mètres, …. Brrrr ! C'est sous grand-voile que nous pénétrons le grand port d'Ostende. Rentrer sous voile permet d'exécuter la manœuvre d'affalage dans le port, sur un mer plate, plutôt que dans la mer forte de l'extérieur. Nous amarrons dans la première des 3 marinas, assez exiguë mais ou pouvons nous mettre à couple d'un voilier hollandais. Il est temps de régler nos montres à l'heure CET (Central European Time) en les avançant d'une heure par rapport à l'heure anglaise.

25 juin : Le vent s'étant renforcé pendant la nuit, la grand-voile est arisée et le génois remplacé par le foc de route. A la sortie du port, le vent de nord-est génère une mer cassante. Pourtant après quelques milles, le vent se limite à 15 nœuds. Le génois est déroulé. BANG ! Une détonation nous fait sursauter. Cela vient de la tête de mat. En quelques secondes, des plis se forme le long du guindeau du génois. C'est la drisse de génois qui a explosé. Zut ! Si il faut aller repasser une drisse neuve dans le mat, c'est pas de la tarte… J'ordonne d'abattre vers la côte en direction de Vlissinguen, ou nous pourrons réparer l'avarie. Dommage, le vent nous permettait une longue étape. Vers 14h, un cargo et un bateau de pêche nous prennent en étau en route de collision. Ce triangle qui se resserre nous piège. Il faut décider vite d'une option : l'empannage nous sort de cette situation critique. On embouque le chenal entre les bancs de sables bien qu'on soit encore à 17 milles du port, ou nous attend une écluse étroite qui s'ouvre peu de temps après nous être présentés. La petite marina cachée en bout de port dans un environnement industriel, est minuscule. On peut s'y amarrer sur ducs d'albe ou le long d'un ponton. Hissé en tête de mât par Gérard A et Richard, je constate la cause de la détonation de ce matin : l'anneau inox en tête d'émerillon d'enrouleur sur laquelle on frappe le mousqueton de drisse de génois a disparu. Il a explosé sous la tension. Je le remplace par une manille de 8mm, beaucoup plus costaude que cet anneau de 5mm. Isolés dans cette zone industrielle, nous nous couchons tôt pour récupérer avant un départ matinal.

26 juin : De nuit, l'écluse du port est ouverte 24h/24. Puis on dévale le chenal de sortie à une vitesse fond de 8N. Les courants de marée sont avec nous, conformément à nos calculs. Le jour se lève sur les cabanes de plage aux couleurs multiples et la dune, protection du plat pays. A la mi-journée, nous passons devant Europort, à l'embouchure de la rivière pour Rotterdam.

Une cinquantaine de pétroliers stationnent ou manœuvrent dans une ronde savamment orchestrée. Richard qui a passé son adolescence sur cette côte, cherche aux jumelles à reconnaitre la maison familiale de son enfance. Dans le port de Scheveningen, ou les pêcheurs sont encore nombreux, le deuxième bassin est consacré aux bateaux de plaisance. On s'y amarre dans le fond, bon gré mal gré dans un petit espace, poussé par le vent.

La visite de la ville toute proche nous ravit. Le front de mer et sa promenade, les rues commerçantes, les maisons soignées, l'ambiance des bars, la profusion de bicyclette, l'élégance des filles, … tout nous plait à Scheveningen. Ce sera la plus belle escale de ce convoyage en mer du nord. Richard en profite pour enfourcher un vélo et sillonner la ville sur les traces de son collège, de sa maison et de ses souvenirs. Séquence émotion.

27 juin : Départ du ponton sur la garde arrière pour se déhaler contre le vent fraichissant. Une violente averse de grosses gouttes nous tombe dessus et rince abondamment le pont. C'est la première pluie depuis Belle Ile, le 6 juin ! L'anticyclone stabilisé sur l'ouest de l'Ecosse nous a depuis 2 semaines conservé un temps beau et sec et des vents modérés de nord-est, donc de face. Sous spi asymétrique, nous longeons un champ marin de 48 éoliennes pas encore répertorié sur mes cartes marines. Devant leur lente rotation et leurs pales élégantes, nous dissertons sur les nouvelles sources d'énergie. Le chenal d'entrée de Den Helder est le siège de courants tourbillonnants qui forment des marmites liquides. Den Helder est le port de la marine militaire de Hollande. Nous sommes impressionnés par cet imposante armada, symbole de la puissance que ce pays a depuis longtemps exercé sur les mers. Jumbuck nous rejoint enfin après plusieurs jours de décalage dans nos plans de navigation. Dans la marina, nous reconnaissons un voilier australien inscrit au Rallye ARC Baltic. Nous faisons vite connaissance avec ce couple accompagné d'un skipper professionnel belge. Les installations de la marina sont soignées et nous profitons de la laverie mise à notre disposition pour y effectuer une lessive qui se terminera à 1h30 du matin. On ne dort pas beaucoup depuis Lymington et le manque de sommeil s'accumule. Mais on savait que cette partie du convoyage serait plus intense, en distance comme dans les conditions.

28 juin : Au petit matin, Richard pose son sac à terre. C'est avec tristesse que nous voyons sa silhouette s'éloigner sur le quai de Den Helder. L'équilibre de l'équipage en est altéré et doit se trouver un nouveau centre de gravité. Nous sommes donc 3 à bord : Gérard A, Evelyne et moi. Nous nous réjouissons déjà à l'idée de visiter les îles hollandaises, puis allemandes, qui s'étirent en un long archipel à une dizaine de milles des côtes. Le chenal nord-est que nous empruntons sur une dizaine de milles n'est plus dragué ni balisé officiellement contrairement à ce qu'indiquent les cartes et guides. Le maitre de port nous a prévenu. Quelques bouées jaunes jalonnent l'ancien chenal. Sous grand-voile seule pour ralentir notre vitesse, nous les suivons en surveillant attentivement le sondeur qui varie entre 7 et 2 mètres. La trace AIS d'autres bateaux conforte mon choix d'itinéraire. Sorti du stress de ce chenal fantôme, le spi asymétrique libère et propulse notre monture dans un vent de sud-ouest de 18N. Un puissant zodiac avec à leur bord 4 douaniers en combinaison de survie, nous aborde en mer et s'invite à bord pour un contrôle. Les gars sont courtois et relève toutes les indications sur Boisbarbu et nos identités... Le chenal d'accès à Brandaris évite sur 20 milles les traitrises des bancs de sable. C'est interminable. Nous renonçons devant cette monotonie et décidons de relâcher à Vlieland, autre île sur tribord. Jumbuck adhère volontiers à ce choix et rentre au port alors que nous préférons mouiller à l'extérieur vu l'incertitude des hauts fonds qui défendent l'entrée du port. Nous nous retrouvons le soir dans le chic restau des yachties, venus très nombreux pour un rassemblement de vieux gréements. Un debriefing de la journée nous convainc que nous nous sommes leurrés sur l'accès et l'intérêt de cet archipel. Ces îles que nous pensions superbes et attractives, sont en fait difficiles d'accès, avec un chenal d'entrée de plusieurs heures, qu'il faudra reprendre le lendemain en sens inverse pour en sortir, même si il nous éloigne de notre route. D'Ostende à l'embouchure de l'Elbe, les bancs de sable sont un inconvénient réel pour le navigateur. Pas toujours bien balisés, ils sont pourtant assez précisément documentés sur les cartes marines. Mais quand on voit les chiffres du sondeur dégringoler brusquement, alors on a des doutes sur la fiabilité de ses cartes, et sur les mouvements possibles des bancs de sable. Aux échelles importantes, la lecture des cartes n'est pas inquiétante, mais quand on passe aux cartes de détails, on réalise la complexité du labyrinthe par lequel il faudra se faufiler pendant des heures, et ce pour malheureusement devoir revenir en arrière le lendemain pour s'en extraire.

L'espace entre les îles et le continent est impraticable avec des fonds de 50cm. Nous pensions profiter de ces îles même en faisant un stop rapide le midi, mais elles sont si difficiles et ennuyeuses à atteindre que nous devons renoncer, sans regret vu le paysage local très monotone. Je comprends pourquoi le skipper belge a choisi d'emprunter parfois les canaux intérieurs. Pourtant, on apprendra un peu plus tard, que leur voilier tout neuf a talonné et sera hors d'usage pour le Rallye. Quand à John et Sue, ils décident d'en finir en naviguant 3 jours non-stop jusqu'à Kiel.

29 juin : Encore un départ très matinal. Beaucoup de changements de régime des vents nous imposent de nombreuses manœuvres de voile.

Tout y passe pour parcourir ces 76 milles: spi asymétrique, spi tangonné, génois tangonné en ciseau. Une belle révision des manœuvres et bonnes pratiques. Le port de Borkum (en Allemagne) ou nous amarrons à un ponton, est inanimé. Une vraie désolation. Décidemment, rien à voir sur ces îles. Pourtant on nous avait vanté Borkum. Peut-être le village de Borkum situé à 7km est pittoresque, mais à 22h, nous n'aurons pas le courage de nous y rendre.

30 juin : Nous quittons cet endroit sinistre à 4h30 du matin alors qu'il fait déjà jour. Un phoque nous observe avant de plonger à notre approche. Le courant est favorable et nous filons 10N sur le fond. Le vent du nord contre-courant, lève une mer forte et casse bateau. Les champs d'éoliennes en mer et sur terre se succèdent. Ce sont des centaines, voire des milliers d'éoliennes qui se sont implantées. On croise des cargos transportant chacun 6 pales longues de 40 à 60m, énormes mais élégantes et légères dans leurs formes aérodynamiques. Nous étant rapprochés par curiosité d'une éolienne, nous avons pu constater qu'elles sont parfaitement silencieuses. Cette longue étape de 110 milles s'annonce rapide avec vent portant et courants favorables. C'était sans compter sur le fort courant de jusant que l'on affronte dans l'embouchure de l'Elbe. Les 10 derniers milles sont interminables, malgré le puissant vent de nord-ouest, qui parvient à peine à étaler le courant de l'Elbe à plus de 6N qui s'oppose à notre progression. Durant la dernière heure, notre vitesse fond n'est plus que de 0,5N et nous avons beaucoup de peine à atteindre le port de Cuxhaven dans lequel je pénètre grand-voile haute et moteur à 2700tr pour garder de la puissance et de la manœuvrabilité.

Dans le bassin de Cuxhaven, tout se calme, l'eau s'aplatit et reste stable, le silence nous entoure et c'est sans difficulté que nous amarrons à un ponton après 16 heures de navigation. Une fois de plus, nous avons été à la merci des courants qui nous imposent leur loi, même si on essaye d'optimiser les horaires de notre course en fonction des marées. Marées et courants nous rappellent l'humilité. Nous ne faisons que composer avec eux, ce qui nous rapproche des éléments et nous les fait ressentir dans notre quotidien.

1 er juillet : Après quelques courses de frais à la ville située à 1km, nous quittons Cuxhaven sous les fortes averses et les nuages menaçants. Le trafic de cargos est intense dans le chenal. Il faut être constamment sur ses gardes et longer les bouées latérales vertes. Pas toujours facile ni compatible avec le vent fort qui oscille aléatoirement de 40° mettant en péril notre allure de vent arrière. Cette fois nous comptons sur le courant de flot pour remonter l'Elbe jusqu'à l'écluse de Brunsbuettel donnant l'accès au canal nord-est passant vers la mer Baltique, sans avoir à contourner le Danmark. Les 4 écluses sont énormes, beaucoup plus grosses que ce que n'ai jamais vu. L'éclusier ne répond pas à notre signalement sur le canal 13 de la VHF et nous tournons en rond longtemps avant de comprendre quelle est « notre » écluse ainsi que la procédure à suivre. L'écluse hébergera 3 cargos et une dizaine de voiliers impressionnés par les grandes coques qui nous surplombent.

Aussitôt la grande porte d'écluse ouverte, la corne tonitruante d'un remorqueur derrière nous, nous éparpille comme une volée de moineaux. Sortis de l'écluse, les voiliers coupent sur bâbord pour rentrer dans un minuscule port de plaisance, sur le quai de Brunsbuettel, jolie petite ville animée par l'activité du canal. Toute la soirée nous sommes ébahis par le défilé des énormes cargos, portes containers, gaziers, tankers, qui empruntent le canal. Venant de France, cela fait bien longtemps que nous ne sommes plus habitués à ce genre d'activité économique et de transport fluvial.

2 juillet : Départ matinal pour parcourir 35 milles sur le canal, au moteur (obligatoire) et au génois afin de grappiller quelques dizaines de nœuds (autorisé !). Ce gros canal de 150m de large et 10m de fond, est bordé d'abord d'installations industrielles et pétrolières, puis traverse des paysages bucoliques. La vigilance à la barre s'impose pour croiser ou se laisser doubler par les gros cargos. Nous nous relayons en quarts d'une heure, pour rompre la monotonie du canal.

Je ne crois pas être capable de parcourir les canaux d'Europe sur une péniche. Je me sentirais trop contraint par le cours d'eau qui est à mes yeux un manque de liberté, surtout qu'il faut être rivé à la barre. J'aime les bateaux quand ils sont en mer et s'ébattent librement dans la direction que vagues et vents leur concèdent. A la mi-journée, au lieu-dit Rendsburg, Boisbarbu rentre dans un petit port sinistre ou 2 ou 3 voiliers sont amarrés entre des ducs d'albe. Après une tentative, je réalise que Boisbarbu n'a pas sa place ici, trop grand, trop large, trop de tirant d'eau. Nous continuons donc le canal pour en sortir au nord un mille plus loin, dans la rivière Eider qui monte à Rendsburg. Sur bâbord, une « marina » faite de bric et de broc, nous tends ses vieux pontons en bois désossés, au raz de l'eau.

Même les taquets de ponton sont en bois et n'offre qu'une sécurité relative. Il faut souquer les pointes et gardes très modérément pour ne pas arracher les taquets. Tout dans la délicatesse, comme l'esthétique de cet endroit d'une autre époque, d'un autre monde, auquel je commence déjà à m'attacher. Cette marina de fortune a été mis en place par un chantier de réparation navale : Obereider Yachtservice. La vieille ville de Rendsburg est également très agréable, ouverte, verdoyante et tranquillement animée. En cette dernière après-midi tranquille avant de rejoindre la flotte du Rallye, Evelyne s'inspire du paysage pour croquer les images du port pendant que Gérard A laisse sa griffe sur le livre des Equipiers.

3 juillet: Ce matin sur la rivière Eider, un voilier hollandais est en difficulté: son moteur en panne, il part à la dérive. Nous amarrons Boisbarbu à couple de ce voilier désemparé, et je le ramène au ponton qu'il avait quitté une demi heure plus tôt. Quelques heures plus tard, nous passons l'écluse de sortie du canal, à Holtenau, pour rentrer dans la baie de Kiel, en mer Baltique !

Les équipages des 29 bateaux participant au Rallye ARC Baltic sont réunis dans la marina de Schiklsee, en baie de Kiel. Nous faisons connaissance et nous préparons au tour de la Baltique. Ce premier mois de navigation s'est parfaitement déroulé: 1200 milles nautiques, parcourus selon le planning prévu, avec une météo indulgente, des mers tolérantes, un bateau bien préparé, et de solides et très sympathiques équipages.

Gérard A, mon fidèle équipier et surtout ami, vient de poser son sac à terre avec émotion, après 4 semaines d'amitiés, de plaisir de naviguer et d'être ensemble pour amener Boisbarbu jusqu'ici. Encore une belle histoire d'amitié qui se burine sur les flots.

Pour suivre notre position en mer Baltique, il vous suffit de cliquer ici !

A bientôt,

Gérard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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