De la Vilaine à l'Aber Wrac'h

Une première semaine de navigation pour remonter la Bretagne sud par ses îles, passer le raz de Sein, la Pointe St Mathieu et le Chenal du Four sous spi pour rejoindre l'Aber Wrac'h. Surchargé par sa cambuse de début de saison, Boisbarbu est un peu bas dans ses lignes et traine sa jupe dans l'eau. Je lui promet de le décharger de 450kg pour la traversée de la Manche, ce qui lui donne du courage. Brave Boisbarbu !

Cette semaine est bercée par l'amitié attentionnée d'un équipage rassuré par la clémence de la mer et par la douceur du climat.

La semaine n'avait pourtant pas bien commencé pour l'enrouleur de génois qui perd quelques pièces (qu'on appelle des paliers) à la première manœuvre. Un démontage de l'enrouleur, une cogitation de Raymond et moi, aidés par le cap'tain de « Salem », une course poursuite vers Atlantique Gréement à La Turballe (il ferme à midi le samedi), règlent l'avarie, au prix de 8 heures de travail.

Ce même soir, nous sommes réquisitionnés pour porter secours et remorquer un anglais en panne de moteur sur la Vilaine. Une bonne occasion pour Boisbarbu de tester son modeste moteur de 27cv qui peine à tirer les 15 tonnes de « Grace », vieux gréement britannique, dont le propriétaire viendra discrètement nous apporter quelques litres de vin de Bordeaux pour nous remercier.

Pendant ce temps, le train d'Arlette et Yves est immobilisé et complique leur arrivée en Bretagne. Quelle joie de les retrouver avec leurs tout petits sacs à dos (on reconnaît les globe-trotteurs avertis) sur le quai de la gare de Redon ou je vais les chercher en voiture.

Chaque journée est rythmée par une navigation et une randonnée à pieds.

A l'île d'Houat, débarqués sur la grande plage Treach er Gourhed, nous visitons le village toujours charmant et faisons le tour d'une moitié de l'île.

A Sauzon (Belle-Ile), le sentier côtier nous mène à la Pointe des Poulains.

A Groix, Yves et Arlette partent de Port Tudy pour les plages et falaises du sud est pendant que je ré installe le pilote automatique fraîchement réparé et livré à la Capitainerie (le synchronisme est parfait). Mon cher "Charly" (c'est le nom de du pilote) a retrouvé une nouvelle jeunesse et barre à la perfection.

Dans l'archipel de Glénan, empêchés de débarquer sur St Nicolas par le clapot, nous mouillons dans l'anse de la Tortue, à l'est de Penfret pour en faire le tour à pied et rencontrer le moniteur de l'école des Glénans qui encadre une classe de mer. Je profite de cette nav' raz de cailloux dans l'archipel, pour tester mon nouveau GPS lecteur de cartes, au poste de barre. Le résultat est bluffant de précision.

De l'Anse de Sainte Evette, Yves et Arlette vont visiter la ville d'Audierne.

A Camaret, ils partent marcher sur les falaises toujours impressionantes de Pen Hir. Ce Camaret m'est devenu familier : les retrouvailles avec Pascal (un ami de Brest), puis Yves et Sylvie (rencontrés aux Açores), et la rencontre avec Rémi et Magali avec qui nous partageons une soirée à refaire le monde.

A l'Aber Wrac'h, nous tombons sous le charme des dunes Sainte Marguerite, et de ses eaux protégées par Kerguen ou évoluent de nombreux accrocs de Kite.

Yves et Arlette sont heureux de se défouler les jambes et sont séduits par les paysages bretons. Ils se promettent de revenir sur le GR34 et projettent un tour de Bretagne à vélo. Equipés de leur GPS, ils se familiarisent à son utilisation sur le terrain et seront au point pour leur projet de rando à ski sur les volcans chiliens.

Arlette dévore les 1000 pages de Millenium de Stieg Larsson, puis le Cercle Celtique, d'un Bjorn Larson homonyme, ou nous mijote un rizotto ou une salade grecque.

Note sur le Cercle Celtique:
Il m'a été donné de rencontrer
Bjorn Larson au travers de son livre le Cercle Celtique, par le hasard d'un ami. Je me suis plongé dans son roman comme un bébé dans un bain moussant. Le goût de l'aventure, l'art de la navigation et enfin les mystères d'une Ecosse celtique en font les 3 branches d'un Triskell imaginaire qui renforce en moi la crainte et l'envie de sillonner ces mers chargées d'histoires celtes, de rites druidiques, ces lochs, ces détroits, sur mon fidèle Boisbarbu.

Yves s'émeut devant la beauté des paysages et mitraille de son Nikon 90 toutes les petites fleurs du chemin. Comme il dit : « Ca lui vide la tête ».

Raymond, bloqué par une inflammation du talon d'Achille, reste à bord, perfectionne nos apparaux de pêche, prépare une assiette de fruits de mer, s'offre une partie de baignade quotidienne dans l'eau à 13°, retrouve de vieux amis bretons, ou se fait inviter à l'apéritif dominical de la SNSM. En navigation, Raymond pèche assiduement, "Y'en a un !! Tous sur le pont à la manoeuvre..", pour attraper sans difficultés algues, casiers, ...

Que du bonheur, que nous arrosons copieusement autour de crêpes et d'une bolée de cidre aux « Embruns » à Sauzon (que je considère être la meilleure crêpe des îles bretonnes) ou autour de poissons et fruits de mer au « Styvel » (notre meilleur restau Camaretois).

Côté navigation, la légère brise du matin suffit à peine à pousser Boisbarbu alors que les bonnes brises d'après midi le font frissonner de vélocité et de plaisir, tout en amarinant son équipage qui a tout loisir pour effectuer de belles manœuvres de voile ou d'appontage.

Dimanche soir, c'est le bouquet final de cette amitié avec Christine et Mathilde venues partager notre dîner.

Bien seul dans ce bateau, j'attends maintenant Gérard C pour rallier les îles britanniques.

 

 

 

Amicalement,
Gérard.

 

 

 

 

 

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