Le Journal de Bord de BOISBARBU

30 Juin 2008

Malte, Empedusa et Tunisie

Terra Incognita avec Neptune

Ce qui est connu est fini ; ce qui est inconnu, infini. Nous nous trouvons sur un îlot au milieu d'un océan illimité de matière inexplicable. C'est l'affaire de chaque génération que d'arracher aux flots un petit bout de terre en plus, d'ajouter quelque chose à l'étendue et à la solidité de nos connaissances. -- Thomas Henry Huxley, 1887.

Lors de ce voyage 2008, de retour sur la France, les atterrissages sur des terres inconnues de nous, nous procurent chaque fois une émotion ; l'émotion fébrile de la découverte : étrange sentiment mêlé d'inquiétude, de curiosité, de liberté et de bonheur.

Le temps: toujours beau, rarement un nuage, mais avec une faible visibilité, parfois de moins de 4 milles. Il fait chaud sur terre mais encore frais en mer. Depuis mi Juin, les températures ont monté. 22 le matin et 34 l'après midi. On a quitté la couette. L'eau est passée de 22 à 24°. L'air est toujours très humide (85% le matin) et on supporte la petite polaire en se levant. On enfile parfois le ciré et n'avons pas encore installé le bimini top, alors qu'il nous faisait de l'ombre dés début Mai les années précédentes. Puis toujours cet air humide qui détrempe le cockpit le matin et ankylose mes pauvres vertèbres. On n'a même jamais connu pareille humidité dans nos précédents voyages méditerranéens. Il faudra qu'on m'explique (un nouveau coup du global warming sans doute !).

Malte

Renée et Renaud nous quittent sur le quai de Msida marina, pour laisser la cabine à Claude et Jean. C'est avec eux que nous musardons autour de Malte et ses 2 îles Comino et Gozo et que nous visitons les endroits les plus attrayants de ces îles.

•  La Valette : le plus remarquable port naturel de Méditerranée, aux deux immenses baies protégées aux multiples indentations. Son plan d'urbanisme aux rues quadrillées enserrées dans ses remparts. Son unité architecturale de maisons en pierre jaune sable érodées par les vents, ornées de riches blasons, statues, balcons de pierre et leurs bow windows.
Les chevaliers chassés de l'île de Rhodes sont venus se réfugier à Malte et l'on longuement occupée, en dépit des violentes attaques des normands ou des turcs. C'est au cours du siège de ces derniers, au XVIème siècle, que les chevaliers se servaient de leurs catapultes pour renvoyer sur les assiegeants les têtes coupées des turcs fait prisonniers. L'époque était dure, pour ne pas dire barbare.
Le célèbre pavillon rouge maltais orné d'une croix de Malte blanche, symbole des chevaliers a été récemment remplacé (lors de l'entrée de Malte dans l'Europe) par un drapeau rouge et blanc, orné d'une croix plus petite: la croix que le roi Georges VI a offert à Malte pour sa bravoure pendant la 2ème guerre face aux armées d'Hitler et Mussolini.

•  Mdina, capitale historique de Malte, ville fortifiée de pierres douces et jaunes, drapée dans son silence et la fraîcheur de ses ruelles. Parfaitement restaurée et protégée des voitures et magasins à touristes, c'est un délice. Comme cette pizza que nous dégustons sur la terrasse donnant sur les remparts.

•  Vittoria  (sur l'île de Gozo): sa cathédrale St Paul et sa citadelle au panorama imprenable.

•  La cathédrale Rotonda (toujours sur Gozo), 3 ème au monde par sa taille, après St Pierre de Rome et Ste Sophie d'Istanbul, d'une hauteur de 75m, a été récemment construite (1970) en vingt années de travail bénévole !! de ses paroissiens. Malte nous aura marqué par la grande dévotion de ses habitants. La religion catholique imprègne ici le quotidien de la société.

•  Blue Lagoon (joyau de l'île Comino) nous réserve au nord son lagon bleu aux airs antillais et au sud les anfractuosités de ses grottes que l'on découvre avec l'annexe de Boisbarbu. Ce site superbe devient vite insupportable à l'arrivée des hordes de touristes déversées par les bateaux promenade bruyant et malodorant qui barattent la mer.

•  L'îlot St Paul, ou ce dernier a fait naufrage sur le chemin de son jugement par César à Rome.

C'est au tour de Claude et Jean de poser sac à terre pour continuer à découvrir les curiosités de Malte qu'ils parcourront en bus pendant quelques jours. La compagnie des bus a voulu conserver sa flotte bigarrée de vieux bus des années 60 (Leyland, Bedford, Dodge,…).

Avant de quitter Malte, me revient ce palindrome: ET LA MARINE VA, PAPA, VENIR A MALTE.
Alors pour ceux qui ne savent pas ce qu'est un "palindrome", eh bien essayez donc de lire cette petite phrase à l'envers, lettre après lettre. Voilà, c'est cela un palindrome. Formidable, non ? Il n'y en a pas tant que ça. Cherchez donc ! Je suis intéressé par vos trouvailles, surtout celles concernant la mer et les bateaux.

Afin de bien nous avancer de quelques heures pour le départ matinal pour Lampedusa, nous quittons le port de Malte sous les feux d'artifice. De 19h à 22h !!! les feux d'artifices crépitent dans le ciel devenant sombre. En notre honneur ? C'est ce que nous voulons croire. Mais les Maltais sont ces gens incroyables qui dépensent des fortunes à organiser d'immenses et interminables feux d'artifices à chaque célébration des saints patrons de leur village en défilant en longues processions. L'émulation entre villages aidant, ces manifestations prennent des proportions impressionnantes. Notre 14 Juillet ferait piètre figure devant les feux de ce soir.

Ile Lampedusa

L'aube se robe du rouge sombre du métal dans la forge, entretenu par un souffle léger et régulier. Sous la frappe précise du grand forgeron, la mer prends la forme d'un bijou. La couleur et le joyau plantent le décor de cette traversée. Le souffle devenu puissant nous propulse d'un jet sur l'autre bord. Le matin sous la toile délicate d'un spi vert et bleu, du vert des sapins de nos montagnes, au bleu profond de l'océan. L'après midi tractée par le solide dacron du génois jauni par le sirocco, de la couleur douce des maisons de Malte.

100 milles isolés du monde, sans apercevoir un seul voilier. Solitude inquiétante pour Evelyne, stimulante pour moi, ou je me replonge dans le défilement du monde, à 6 nœuds, Je retrouve ce plaisir de lenteur, cette mystérieuse intégration en soi de tout l'environnement marin, maîtrisé ou seulement apprivoisé, au seul motif qu'on le parcours à sa vitesse naturelle. Je reprends ce rythme où l'esprit abruti par les mouvements du bateau divague lentement ou bien se concentre longuement, parfaitement accordé au martèlement des vagues, au rythme de la respiration de la mer qui gonfle sous la poussée du vent… Puis le rideau tombe quand Boisbarbu accompagne des troupes d'oiseaux crépusculaires à l'approche de Lampedusa, dalle calcaire isolée entre Malte et Tunisie.

Lampedusa est tristement connue pour ses camps de réfugiés clandestins. Des centaines d'hommes et femmes venus d'Afrique sur des embarcations bondées, en quête de liberte occidentale sont retenus ici en attendant qu'on décide de leur sort. Ils n'atteindront pas l'Europe et sans aucun papier attestant leurs origines, ne seront pas renvoyés dans leurs pays, d'où l'existence de ces camps.

En parallèle, Lampedusa est une destination de vacances prisée par les italiens et en particulier par les jeunes mariés. La gaieté et l'insouciance y côtoient ainsi la tristesse. Dans l'unique port de l'île, Boisbarbu se dandine tranquillement sous la traction des ses amarres, sous la tonitruance des scooters et d'un avion décollant de l'aéroport tout proche.

La Tunisie

A la recherche des vents favorables, j'analyse quotidiennement la météo avec soin. Les « fichiers grib » me confient leurs secrets et semblent ouvrir une fenêtre favorable pour le mercredi 18 Juin. Pour info, un fichier grib est un fichier diffusé sur Internet par une société nord américaine contenant les vecteurs de vent (force et direction) pour les prochains jours. Superposé à une carte marine, le fichier grib donne une image « exacte » (bien que ce ne soit qu'une prévision) du vent que l'on peut rencontrer à chaque heure de la journée. C'est donc un outil très efficace pour plannifier le jour et l'heure d'une navigation et choisir le meilleur routage.

Tout est prêt sur Boisbarbu pour quitter le port encore endormi à 5h du matin. Le Scirocco ayant soufflé ces derniers jours a levé de grosses vagues, déferlantes et abruptes à la sortie du port. Nous les affrontons de face au moteur, pour nous éloigner de la côte et de son violent ressac d'au moins un mille. Boisbarbu se cabre comme un petit cheval fou. Les vagues déferlent sur la plage avant et envahissent tout le pont. Tous les hublots sont soigneusement fermés, le ciré enfilé et les harnais capelés. Puis il est temps de faire de l'ouest, en travers des vagues qui roulent le bateau. Le vent du nord prévu s'établi avec quelques heures de retard, brusquement à 20 nœuds puis rapidement à 30 nœuds. La forte houle résiduelle de sud s'affronte avec la mer du vent de nord. C'est une bagarre implacable où l'effet croisé des deux trains de vagues génère des déferlantes et des vagues pyramidales au sommet tourbillonnant qui se déplacent rapidement pour se dresser devant la coque comme des fantômes liquides. La plus impressionnante nous arrive par la hanche babord alors qu'Evelyne est trop occupée au pied de mat par la prise de ris pour s'en apercevoir. Je préfère pour elle. La bataille des vagues terminée (les nordistes ayant vaincu les sudistes), nous filons 7,5 nœuds au près bon plein, puis au petit largue bénéficiant d'un vent adonnant. Boisbarbu dévale les vagues ou se faufile entre elles selon l'intelligence de Charly, notre fidèle pilote automatique. Justement, vers 17h, Charly, fatigué, a un coup de barre et disjoncte. J'ai juste le temps de rattraper le bateau avant qu'il ne parte en vrac. En fin d'après midi, nous contournons les bancs de sable qui s'étendent sur 15 milles à l'est de la côte africaine et lèvent une mer plus haute. C'est enfin l'entrée du port de Monastir où on arrive fatigué, et heureux.

Monastir

Nous sommes gentiment et efficacement accueillis par deux marineros qui nous aident à l'amarrage. J'enchaîne avec les formalités de police et de douanes. Alors qu'on m'avait prédit des fonctionnaires abusant de leur pouvoir, j'ai affaire à leurs sourires bienveillants et compréhensifs. Les douaniers qui viennent à bord pour fouiller Boisbarbu ne mènent en fait qu'une inspection approximative, dans l'espoir de quelques « cadeaux ». Puis c'est la douche, très propre du port. Surprenant dans un pays musulman, hommes et femmes partagent la même douche. On y retrouve (à poil) un couple connu à Malte quelques jours plus tôt.

Visite de Monastir, jolie petite ville propre et bien organisée, riante et sympa, elle est la ville natale de Bourguiba, où il est inhumé dans un splendide et dispendieux mausolée. Puis visite chez le coiffeur qui me ratiboise la colline, et avec du gel ! (pour moi, une première).

Port El Kantaoui

Au nord de Monastir, la marina d'El Kantaoui est réservée aux plaisanciers, entourée d'une jolie architecture à 2 étages très réussie. Style tunisien, varié, baigné dans les fleurs et les arbres. L'endroit est joli, et n'a rien à envier à Port Grimaud. Le revers de sa médaille : des hordes de touristes se promènent sur les quais en étant fort sollicités par les boutiquiers de souvenirs et les rabatteurs des restaurants avant d'aller au parc d'attraction à la sortie du port. Le bruit et l'animation sont saoulant, et il y a peu de rencontres entre les bateaux de voyage. La ville de Sousse, à 12 km contraste entre sa médina tortueuse et les grandes plages de baigneurs.

Pantalleria

Un départ silencieux à 5 h du mat' sous l'œil attentif d'un douanier et d'un policier, puis 80 milles parcourus sous un vent de sud d'une étonnante régularité nous amènent sur le quai municipal du vieux port de Pantelleria, ou nous attendent des copains rencontrés à Monastir. Retrouvailles et apéros, entraide entre bateaux, grosse chaleur. J'installe une douche sur le quai qui fera le réconfort pendant 2 jours de toute la communauté des plaisanciers (pas plus de 10 voiliers au total). Pantalleria est une île volcanique italienne au large de la Tunisie. L'endroit est calme. Les coulées de lave aux multiples circonvolutions sont parsemées de petites maisons en pierre de lave noire recouvertes d'un dôme blanc. L'influence tunisienne est évidente. C'est ici que l'on cultive les câpres ainsi que des vignes très basses. Carole Bouquet, tombée sous le charme de cette tranquillité, y a élu domicile. Une voiture de loc nous permet de couvrir les 45km du tour de l'île, de se baigner dans les eaux chaudes bleu turquoise du lac de Vénus et de « gravir » le volcan. A l'occasion de la fête de la St Jean, un orchestre philharmonique de 70 exécutants anime la place du village.

Kelibia

Le réveil à 3h du matin nous tire d'un sommeil très lourd après une soirée trop arrosée sur le bateau voisin GEANGE III. Le vent d'ouest est déjà bien établi et nous cueille à la sortie du port. Une panne de Charly, le pilote, nous tient à la barre pour le reste de la traversée et nous dirige sur Kelibia ou nous pourrons réparer.

Retour en Tunisie, sur son plus grand port de pêche. Impressionnants ballets des bateaux de pêche quittant le port à la tombée de la nuit, pour revenir en trombe au petit matin pour être dans les premiers à la criée. Quant à Boisbarbu : toujours bredouille. Le port est très sale, les pêcheurs sous équipés et les conditions de travail dangeureuses. Mais c'est un vrai port tunisien, comme à Thalassa. Nous, les plaisanciers, sommes confinés, agglutinés dans un recoin du port, sous la surveillance immédiate et constante d'un navire militaire. Interdiction de descendre à terre avant que Police, Douane, Capitainerie ne soient venus à bord.

Sidi Bou Said

Le cap Bon et 80 milles par un fort vent de nord-ouest nous séparent de Sidi Bou Saïd, banlieue chic de Tunis ou s'éclate la jeunesse dorée locale. Le contraste avec Kelibia est poignant. Marina grand standing ou les dédales administratifs sont courtoisement facilités par la Capitainerie qui prend tout en charge. Le village de Sidi Bou Saïd (SBS pour les locaux) est un petit bijou de maison blanches aux volets bleus, perché sur la colline qui surplombe la marina. Entre la marina et Carthage, s'étale l'immense résidence présidentielle, bien gardée. Cette escale est pour nous l'occasion d'aller passer une journée à Tunis et d'y visiter le musée du Bardo, installé dans un palace, et sa prestigieuse collection de mosaïques qui est époustouflante. Il y a juste 2 ans, nous étions au musée d'Antioche (Turquie) qui expose ses plus belles mosaïques,, ou le guide nous disait que c'était la plus belle expo de mosaïque au monde après le musée de Tunis. Nous sommes donc comblés par la finesse du dessin et la vivacité des couleurs représentant des scènes mythologiques et de vie quotidienne.

On a aimé Tunis, son architecture, quelques beaux bâtiments, son calme relatif pour une capitale de 2 millions d'habitants, son plan de circulation basé sur les métros et les trains : la grande banlieue est desservie toutes les 12 minutes par un train. Ah, si nous avions cela dans la vallée du Grésivaudan, le CO2 sur Grenoble ne serait plus un problème.

Bizerte

Passage au près serré (les vents dominants sont de nord ouest entre Tunisie et Sardaigne, parfois issus du Mistral) du Cap Farina et du cap Zebib. Le foc de route que j'avais préparé depuis plusieurs jours n'a finalement pas encore servi vu que le vent ne dépasse par la force 6. C'est avec émotion que nous arrivons à Bizerte, pour l'histoire du lieu ou juste la consonance de son nom. Boisbarbu déboule à 7 nœuds sous voile pour passer la jetée du grand port de Bizerte. On a la place dans le bassin de rouler le gènois et d'affaler la grand voile, pour venir s'amarrer au ponton de plaisance, aidé comme partout en Tunisie par un efficace et aimable bosco. La ville est en ébullition ce soir, rivée devant les écrans de télé, pour applaudir la victoire méritée de l'Espagne sur l'Allemagne, en finale de la coupe d'Europe. Antique comptoir phénicien, ville agréable et calme, son marché débordant d'agrumes et de poissons, son vieux port enchassé sous les remparts de la médina, ont été pendant le protectorat français, l'important port de guerre de Méditérranée en raison de son immense rade naturelle,

Ici, en Tunisie, les formalités sont obligatoires à chaque entrée et sortie de port. De plus, les mouillages sont interdits sauf accordés et surveillés par l'armée. Autant dire que ce pays, si il est un bon endroit pour hiverner son bateau (agréable et bon marché), n'est pas encore un domaine de navigation attractif pour des plaisanciers épris de liberté. Au départ de Port El Kantaoui, à 4h30 du matin, je procède aux formalités avec les différentes autorités. La dernière est en principe la visite de l'officier de douane à bord. Sous prétexte de vérifier le matériel électronique, ils sont surtout soucieux de ne pas voir un tunisien s'enfuir clandestinement du pays. L'officier s'approche d'un bon pas sur le quai encore baigné par une nuit sombre, puis à quelques mètres de Boisbarbu, ralentit et change imperceptiblement de visage. Un peu décontenancé, il me pose depuis le quai quelques questions routinières, me demandant de le rassurer sur le nombre de passagers à bord. C'est en fait l'aspect précaire et instable de la passerelle de Boisbarbu qui l'a découragé. Elle effleure juste l'angle du quai et peut donner un petit vertige à qui n'a pas le pied marin et montagnard. Ces douaniers là ne sont pas très braves. Je souris intérieurement, et me promet de rejouer le scénario à la prochaine visite de douane.

Dans chaque port tunisien, nous « bénéficions » d'une surveillance rapprochée, visible en uniforme et plus discrète en civil. A Monastir, un garde de sécurité arpente le quai et l'entrée de la marina est gardée par un policier. A El Kantaoui, douaniers et policiers se relaient aux postes d'observation, pendant que des flics en civil sur les bancs, fument leurs cigarettes. A Kelibia, Boisbarbu est à 2 m de la haute étrave grise d'un bateau de l'armée ; sur le pont 2 militaires sont confortablement assis dans des fauteuils en plastique et nous observe fixement, jour et nuit, ainsi que les 4 autres voiliers qui ont été entassés dans ce coin précis du port. A Sidi Bou Said, policiers, gardes nationaux, boscos de la Capitainerie surveillent les mouvements sur les quais. Ils savent exactement de quel port nous venons et connaissent Boisbarbu. Pourtant cette surveillance est faite avec discrétion, et doigté. A Bizerte, les douanier et garde national montent à bord au moment ou l'on va larguer l'amarre. Ces fonctionnaires sont toujours extrêmement aimables avec nous. Tout cet effort est déployé dans un but : éviter que des tunisiens quittent le pays, sans autorisation, sans pour autant harasser le plaisancier moyen qui n'est pas un passeur de réfugiés. On apprends que cette pratique est courante. Un passeur sur un boat people demande 5000€ ! Quelques tunisiennes sont prêtes à séduire un skipper de passage pour fuir le pays, et certains marins savent en profiter. Nous en avons été témoin.

Malgré ce manque de liberté, nous sommes tristes ce soir de quitter la Tunisie. Elle nous a séduits par l'accueil, l'amabilité, le sens du service et le sourire des tunisiens, par l'architecture spacieuse et lumineuse souvent réussie des villes, par ses petits plats, ses pâtisseries et ses bons vins. Nous avons trouvé les tunisiens un beau peuple, les femmes séduisantes. Les rues embaument le jasmin qu'on nous offre par petits bouquets serrés. Il faut quitter ce pays qui a su nous charmer.

 

Mais notre traversée de 48 heures vers la Sardaigne sera couronnée par l'arrivée à bord de Samuel, Céline et leurs trois enfants. Alors, tout est bien. Le bord est heureux. « On a la banane » comme disent nos jeunes !

Bises et amitiés,
Evelyne et Gérard.

 

 

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