En route vers le Liban, Israël et l'Egypte

Dimanche 18 Juin 2006

 

« Du haut de ces pyramides, … « 

 

De Lattakié en Syrie, Boisbarbu a fait escale à Jounieh, Syrie, puis à Haïfa, Ashdod et Ashkelon en Israël, pour enfin s'arrêter à Port Saïd en Egypte : le but de notre navigation 2006.

 

La navigation

Beaucoup de chance cette année/ En effet, cette région est réputée pour être très calme à cette saison. Les Pilot Charts (statistiques des vents sur une région pour chaque mois de l'année) montrent des vents quasiment nul. Nous avons eu la chance d'avoir du bon vent (de force 3 à 5) pendant 80% du temps dans ces étapes. De longs bords sous spi, que nous affalons à la tombée de la nuit pour s'assurer des quarts plus tranquille. Evelyne et moi tournons sur des quarts de 3 heures. Evelyne a toujours un peu de mal à s'endormir lorsque les vagues tapent et résonnent contre la coque, alors que je me fais un devoir de m'endormir comme une masse. L'important et de garder de la lucidité et notre bon jugement pour les arrivées, qui peuvent être assez confuses en traversant des bateaux de pêche au travail et au sein d'une flotte de 80 voiliers.

La dernière étape fut superbe : Boisbarbu quitte Israël, du port d'Ashkelon à 5h du matin. Un vent de nord nous cueille en mer pour nous propulser rapidement au travers des 125 milles nous séparant de Port Saïd. Vent de travers de force 4, dans une mer formée, ou Boisbarbu prends les devant de la flotte et arrive en tête devant Port Saïd à 1h du matin, ou nous mouillons entre le Canal de Suez et la jetée du port de Port Saïd. L'arrivée nous a demandé beaucoup de concentration pour éviter les dizaines de bateaux de pêche de la cote égyptienne, et surtout les pétroliers et tankers remontant le canal de Suez et s'engageant en Méditerranée. Entre radar et navigation à vue, nous avons les yeux fatigués et les nerfs émoussés.

 

Petit dodo au mouillage peu abrité, avec forte houle du nord, jusqu'à 5h : heure fixée pour rassembler tous les bateaux du Rallye : nous restons 64 sur les 83 du départ. Il faut une heure pour former un immense cercle d'1km de diamètre et rentrer en procession dans le canal de Port Saïd, spécialement neutralisé pour notre arrivée, mais pendant un temps très court : une heure tout au plus. Encadré par la police, l'armée et les autorités maritimes, nous faisons une entrée remarquée dans le bassin de l'arsenal de Port Saïd.

   


Le Liban

 

Apres une vingtaine d'heures de navigation, Boisbarbu approche le Liban ou nous devons atterrir au port de Jounieh, juste au nord de Beyrouth. Liban ! Ce nom a toujours eu pour moi une consonance magique. Comme un des mythes de notre histoire nationale, il revêt un caractère oriental, mystérieux, malmené par les conflits. Dans la brume matinale, je m'attends donc à un spectacle grandiose. Quelle déception quand j'aperçois d'abord les 2 hautes cheminées rouge et blanche de la centrale thermique, puis les cuves de gaz. Ensuite viennent les hauts immeubles en béton d'une architecture révolue et délabrée. L'espace d'un instant me vient l'envie de faire barre à bâbord toute et de retourner d'où l'on vient. Mais c'est sans doute juste le fruit de la fatigue de cette nuit de navigation

 

Bonjour Jounieh !

….

Après être passés sous les montagnes enneigées des Monts Liban, un bus nous fait traverser la plaine de la Bekaa et nous emmène à Baalbek dont les ruines sont impressionnantes par leurs énormes colonnes et des fondations en pierre longues de 15m et pesant 800 tonnes. Mais comment ont-ils déplacé tout ça. Ils étaient « fous, ces romains ».

Baalbek est aussi un des fiefs de la résistance palestinienne et de l'Hezbollah. Les drapeaux peints de mitraillettes fleurissent. Sur la route, plusieurs barrages de pneus en feu. L'ambiance !

Le Liban a du mal de se remettre de la guerre qui a duré 15 ans et de l'occupation Syrienne qui a duré 30 ans. Beyrouth renaît difficilement de ses cendres. Tout est délabré, sale et en désordre. L'architecture est anarchique, l'urbanisme inexistant, si ce n'est dans l'hyper centre de Beyrouth refait à neuf autour de sa place de l'Etoile. L'état est désorganisé et peu respecté : il est courant de voir des voitures à contre sens sur l'autoroute, par exemple. Nous sommes surpris de voir en plein Beyrouth des partisans d'Hezbollah faire leur propagande avec les fusils mitrailleurs sur les drapeaux. Une démocratie aux limites…

Les musulmans deviennent majoritaires au parlement et vont bientôt pouvoir contrôler toutes les ficelles de l'état. De nombreux chrétiens, souvent intellectuels continuent à s'expatrier devant la menace musulmane. Un libanais, à l'écoute de l'actualité française me dit qu'à son avis, la France s'affrontera un jour aux mêmes problèmes de conflits multicommunautaires…

 

 

La marina de Jounieh s'anime le week end avec la Jet Set de la capitale qui vient profiter de la piscine olympique et des restaurants, au volant de ses rutilants 4x4 noirs.

 

Ah, la gastronomie libanaise. Les vins sont très corrects : meilleurs qu'en Turquie et sans comparaison avec la piquette syrienne. On resterait bien quelques jours de plus, d'autant qu'Evelyne se remet juste de 3 jours de tourista, comme une centaine de participants du Rallye, attrapée dans un restau de Palmyre.

 

Israël

 

A 40 milles au nord de notre atterrissage à Haïfa, nous sommes canalisés au large dans un chenal défini par l'armée israélienne qui nous intercepte et nous questionne sur nos identités, celles de nos parents, … et vérifie tout cela dans leur informatique. Une fois étiquetés sur leurs radars, ils ne nous lâchent plus. Tout en restant très polis, leurs forces maritimes se succèdent : armée, police, douane, comme si ils ne se faisaient pas confiance mutuellement. On n'entre pas inaperçu dans les eaux territoriales israéliennes et il faut montrer patte blanche. Les mitrailleuses lourdes sur chaque navire, sont prêtes à fonctionner avec un homme attentif derrière chacune d'entre elles. Aussitôt à quai un officier de sécurité me questionne longuement avant de m'accompagner au bureau d'immigration. Il est accompagné d'un jeune soldat tenant sa mitraillette. Deux heures plus tard, après de nombreux interrogatoires, Evelyne peut enfin mettre pieds à terre.

Au port d'Ashqelon, à 15km de la bande de Gaza, la cote est survolée en continu par les avions et hélicoptères israéliens. Ils sont très nerveux et notre procédure de départ vers Port Saïd prend des allures de manœuvre militaire. La police nous rend nos passeports en nous identifiant à bord, pendant que nous larguons les amarres.

 

Très belles excursions en Israël, en particulier à la Mer Morte (le point le plus bas du globe à 400m sous le niveau de la mer) et à l'antique ville fortifiée de Massada.


Pélérinage au nord sur le lac de Tibériade, le Mont des béatitudes, le Jourdain et St Jean d'Acre, et à Jérusalem (ville riche en lieux saints pour juifs, chrétiens et musulmans) sur le Mont des oliviers, le Golgotha, le St Sépulcre et le mur des lamentations, sans oublier ce mur, militairement gardé, qui sépare Israéliens et Palestiniens. Un tour vers le nord, sur la frontière entre le Israël, le Liban, la Syrie et la Jordanie. Israël est en guerre et nous en prenons ici toute la dimension, logistique et militaire d'abord, puis dramatique pour les populations. Les magnifiques et luxueux jardins de Bayan, entretenus au cordeau et aux ciseaux par une centaine d'horticulteurs de la congrégation Bayan, nous font un instant oublier la complexité de ce tonneau de poudre du Moyen Orient.

 

Couple de touristes à Massada 

Eh oui, celui-ci a un port d'arme

 


L'Egypte

 

Nous sommes heureux et fiers d'avoir amené Boisbarbu jusqu'à Port Saïd, le but de cette navigation 2006.

Ce canal de Suez est un lieu mythique dans l'histoire et un passage unique pour les navigateurs. Il ouvre la route à la Mer Rouge, puis à l'Inde ou l'Afrique. Nous en avions les larmes aux yeux ce matin, en embouquant le canal de Port Saïd

Mais Boisbarbu en restera là, sous peine de mutinerie de l'équipage, oh combien réduit, mais oh combien cher à nos cœurs et en particulier au cœur du capitaine.

Accueil chaleureux de la ville, puisque les quais ont été repeints, l'eau et l'électricité installés ainsi que des sanitaires de fortune. Les banderoles de Bienvenue nous attendent, et surtout la cacophonie incessante des klaxons égyptiens.

 

 

Nos formalités de police et d'immigration ont été préparées longtemps à l'avance et de ce fait très simplifiées.

Après un rangement et rinçage de Boisbarbu, nous improvisons sur le quai un barbecue pour le groupe 1, avec les 2 thons de 80cm que notre amie Maureen, sur Frithiof a péchés hier soir. Cuits au citron, en matelote, ou grillé. Un pur régal. Une ambiance et une convivialité formidable. Mais les bouteilles de rosé et de blanc étaient cachées dans des plastiques, car en Egypte…

 

Nous partons en excursion au Caire, ou nous pouvons nous promener autour des pyramides, à la porte du désert, puis nous extasier devant le trésor de Toutankhamon, protégé par le riche musée du Caire, avant d'improviser une régate en Felouque sur le Nil, en plein centre de cette ville de 24 millions d'habitants.

 

Le lendemain, c'est la Citadelle, la grande Mosquée et le souk qui nous immerge dans sa caverne d'Ali Baba.

 

La fin du Rallye

L'EMYR 2006, 17 ème édition de ce rallye, tire à sa fin. Ce soir, réception avec le maire de Port Saïd et le directeur du Canal. Ce rallye fut pour nous une série de belles navigations à travers le moyen orient, la découverte en séquence de ces pays ou ne serions pas forcément venus naviguer seuls au vu de l'instabilité politique et de la lourdeur des formalités, la rencontre avec des dirigeants et décideurs de ces pays, les amitiés qui ont pu se lier avec quelques uns de ces 270 marins d'expérience d'origines très diverses.

Alors ce serait à refaire… : OUI, nous signerions 

 

Amitiés à vous,

Evelyne et Gérard.

 

PS d'Evy :

Une des plus grandes émotions pour moi, le petit mousse, aura été toutes ces petites lumières, durant mon quart, qui scintillaient dans la nuit comme des petites bougies allant dans le même sens, comme le symbole de l'amitié, d'une paix que nous souhaitons tous dans nos cœurs et qui nous a semblé pourtant si fragile dans ce Moyen Orient brûlant.

 

Nous repartons pour l'Israël, signer la fin de ce voyage avec un dernier « Rallye Dîner » en cette fameuse soirée du 21 juin qui encore une fois n'aura pas lieu au 4 rue Cézanne.

Renaud et Renée seront la pour tous vous représenter et on lèvera un verre de champagne a votre santé et bonheur …

 

et le lendemain, nouvelle destination avec Renée et Renaud en voiture vers la Jordanie et précisément pour un lever de soleil a Petra, suivis de 3 ou 4 jours de mer vers la Turquie avec un crochet possible sur Chypre Sud suivant le vent.

 

 

 

 

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