Boisbarbu en route vers la Syrie

Mercredi 31 Mai 2006

 

Le port de Girne, Chypre nord

 

Le parcours

3 May 2006

Wednesday

KUSADASI departure BODRUM arrival

5 May 2006

Friday

BODRUM departure ORHANIYE arrival

7 May 2006

Sunday

ORHANIYE departure GOCEK arrival

9 May 2006

Tuesday

GOCEK departure KEKOVA arrival.

10 May 2006

Wednesday

KEKOVA departure FINIKE arrival

12 May 2006

Friday

FINIKE departure KEMER arrival

15-May-06

Monday

KEMER departure ALANYA arrival

17-May-06

Wednesday

ALANYA departure 

18-May-06

Thursday

GIRNE arrival

20-May-06

Saturday

GIRNE departure

21-May-06

Sunday

MERSIN arrival

23-May-06

Tuesday

MERSIN departure

24-May-06

Wednesday

ISKENDERUN arrival

26-May-06

Friday

ISKENDERUN departure from Turkey

27-May-06

Saturday

LATTAKIA, Syria arrival

31-May-06

Wednesday

LATTAKIA departure to Lebanon

 

De la Turquie à la Syrie, en passant par Chypre nord.


La navigation

 

Boisbarbu n'a jamais navigué si souvent sous spi : à chaque navigation et pour des heures de plaisir et d'adrénaline. Au largue, Boisbarbu porte volontiers son spi asymétrique vert et bleu, pour passer au spi tangonné rouge et bleu, très léger au vent arrière. Il nous arrive aussi de tangonner l'asymétrique quand ça souffle trop fort de l'arrière. Evelyne s'est complètement habituée à la navigation sous spi et considère maintenant le spi comme une autre voile.

  

Un numéro d'acrobatie entre les îlots de Kastelorizo, souvent sous la fausse panne, limite départ à l'abattée. Je m'étais pourtant juré après le démâtage de « Vent de Comète », le 7 Mars 98 à 15h, de ne plus me laisser aller à ce petit jeu ! La navigation est facile, les vents généralement bienveillant, au maximum de force 5, sauf dans le détroit de Kos ou nous avions touché du 7.

J'aime être en mer, ressentir les mouvements incessant et aléatoires du bateau. Ces mouvements érodent la volonté et engourdissent l'esprit jusqu'à la somnolence alors que tous nos sens doivent précisément rester en éveil.

Les étapes sont généralement longues (80 à 120 milles), avec un départ tôt le matin (4h) pour les plus courtes, ou dans l'après midi pour les longues. Nous survolons au large les dizaines de mouillages idylliques ou nous nous étions attardés l'an dernier pour ne faire escale que dans les grandes marinas jusqu'à Antalya, puis dans les ports de pêche et de commerce au-delà, le tourisme de plaisance n'ayant point encore atteint ces régions. Peu de place donc pour la baignade.

 

Les 83 bateaux sont organisés en 6 groupes en fonction des tailles de bateau. Boisbarbu est dans le groupe 1 : le groupe des petits. Chaque groupe a un « leader » qui est chargé de l'organisation des départs, arrivées et d'un appel VHF toutes les 4 heures, pour vérifier la position de chacun dans l'étape, et prendre note des éventuelles avaries. Une vraie organisation à l'américaine. Le Rallye n'est pas une course, mais du fait des horaires d'arrivée imposés, c'est souvent une course contre la montre. Et puis lorsque 2 voiliers sont proches, leurs skippers ne peuvent s'empêcher de se « tirer la bourre ». On ne se refait pas ! Boisbarbu aime à partir tard, et à remonter la flotte, sous spi, à pleine puissance. Il lui arrive aussi d'être bon dernier à l'arrivée, car aimant naviguer à la voile, il retarde le démarrage du moteur alors que d'autres se donnent volontiers au « motor sailing » pour être dans les temps. Mais Boisbarbu est là pour faire de la voile. La nuit, Boisbarbu est un point lumineux parmi une longue armada de 80 autres feux de navigation. Des amas de plancton s'échappent derrière l'étrave. C'est impressionnant. L'entrée dans les marinas est parfois longue et fastidieuse. 83 bateaux à loger dans de petites marinas déjà bien occupées, c'est pas de la tarte. Alors tout le monde est sur le pieds de guerre : les capitaines de port, les marineros, et nos « group leaders » bien sur. Cela peut prendre 4 h à faire des ronds ou se mettre à l'ancre devant la marina avant de recevoir notre ordre d'entrée. En Turquie, c'est un Pilote dans son puissant Zodiac, qui vient chercher les bateaux pour les diriger à leur place dans le port ainsi que les aider à s'amarrer. Nous sommes souvent accueilli par un cadeau d'arrivée : un filet d'oranges, des fleurs, … que les villageois nous apportent sur le quai. Pour les remercier et leur faire honneur nous envoyons nos grands pavois qui illuminent le port de leurs flammes multicolores. Les marinas turques sont luxueuses et équipées : eau, électricité, prise télé, prise téléphone, WiFi, douches et sanitaires toujours propres malgré ces 270 marins hirsutes qui débarquent. Quant aux ports de commerce, inadaptés à la plaisance, sont à la hâte équipés de douches et toilettes de campagne pour nous accueillir.

 

Les avaries du mois de Mai

En prenant la mer, on se demande toujours qu'elle va être la prochaine mauvaise surprise. Toujours nouvelles, elle entretiennent l'esprit d'initiative et réveillent nos neurones (Fichtre, moi qui n'en n'ai qu'un !).

 

En voici quelques unes :

•  La jauge à carburant est morte. Démontage les mains dans le réservoir. Je suis surpris de trouver l'identique dans la zone industrielle d'Alanya. Une jauge Jaeger, made in France pourtant !

•  Charlie, notre pilote, part en vrille de temps en temps et envoie Boisbarbu au tas, dans des postures périlleuses à récupérer. Il m'a fallu quelques jours pour réaliser que cela arrive lorsque Evelyne ou moi émettons à la VHF. Les ondes électromagnétiques de l'antenne VHF perturbent le capteur de la girouette électronique.

•  La pompe de cale ne pompe plus, comme ce brave Claude Pieplu dont nous venons d'apprendre le décès par RFI.

•  La dernière a été vache. Nous quittons la Turquie à Iskenderun, sous un soleil de plomb, 35°, en fin d'après midi, pour une navigation d'une centaine de milles pour un atterrissage en Syrie. Une légère odeur de gasoil sort du carré pour devenir persistante jusqu'à l'entêtement. Je passe une heure dans le moteur à vérifier les moindres fuites. Quand on cherche, on en trouve toujours, alors j'en colmate deux sur le moteur. La mer est agitée et les vagues ainsi que le vent viennent de face. Nous voici partis pour 20 heures de navigation au près à tirer des bords, le bateau gîté, sans espoir du moindre mouillage sur cette route. En pleine nuit, après un virement de bord, à 30 milles de la cote, je vois un liquide jaunâtre, gras, déborder par-dessus le plancher de la cuisine et envahir le placard à casseroles. C'est du gasoil, il y en a des litres et des litres. Vite, pompons ! La pompe de cale électrique est en panne, alors on se relaye à la pompe à main qui tiendra jusqu'au lendemain ou elle déchire sa membrane. Vu l'état de la mer, le gasoil ne tarde pas à se faire un chemin par les moindres trous et à envahir tout le bateau, de la cabine arrière, aux équipets à vêtements, en passant par la cuisine, les outils. Bonjour l'odeur ! Pour les hauts le cœur, il n'y a pas mieux. Tous les fonds sont gras, les moquettes imprégnées de ce liquide puant. On parvient à sauver les matelas et les vêtements, mais pour le reste…
L'avarie s'est avérée toute simple : c'est toujours simple, après, quand on sait : le tuyau d'évent du réservoir s'est arraché du réservoir. Les serflex ont du se desserrer à force de vibrations. Résultat : 30 heures de nettoyage, tri du matériel, arrachage des moquettes, dégraissage au port de Lattaquié (Syrie), pendant qu'Evelyne et les copains sont partis pour le tour de 2 jours en bus le plus attendu du Rallye : Damas, Palmyre et le Krach des Chevaliers. Grrrrr !!! Mais la chaîne de solidarité s'est mise en marche : anglais, français, américains, m'ont donné toute une panoplie de produits, détergents, éponges, chiffons, conseils en tout genre… Good luck !...
Ca y est le bateau n'aura jamais été aussi propre car j'ai du aller dans les moindres recoins pour tout désinfecter. Je suis lessivé moi aussi et le lumbago me plie en deux. Comme dit Evelyne, on n'aurait jamais du démarrer cette traversée un vendredi. Superstitieux les marins ?

 

Les rencontres

Les retrouvailles imprévues avec de vieux copains :

•  A Finike, on tombe nez à nez avec François et son épouse, sur Carrick, que nous avions rencontré en 2001 dans les Turcs & Caicos, puis aux Bahamas.

•  Puis avec Ar Gadal que nous avions connu l'été dernier à Kekova, alors qu'ils venaient de passer la mer Rouge, de retour de Nouvelle Calédonie.

•  A Alanya, c'est La Cardinale qui est au mouillage dans l'avant port. La joie des retrouvailles et une bonne pasta party sur La Cardinale, puis visite de la ville et de son fort le lendemain avec Anne et Christian. En Septembre 2001, de retour de notre année sabbatique, c'est Christian qui a pris l'amarre à Port St Louis et nous avait donné un sacré coup de main pour un amarrage foireux par 40N de Mistral à Navy Service. Depuis, on est resté copain.

•  A Mersin, on s'avale quelques poissons dans un petit estanquot turc avec des français. Après une heure de discussion avec mon voisin de table, je réalise que c'est Roger de Bilalong et qu'on a navigué 3 jours bord à bord au sud de la Calabre en Juin 2004, et qu'il est venu à bord autour d'une bouteille de blanc pour partager les oursins fraîchement péchés au mouillage de Sta Maria de Leuca. Je ne suis vraiment pas physionomiste.

 

Difficilement explicable, mais les rencontres entre marins sont tellement intenses, qu'elles donnent souvent naissance à des amitiés au long cours. La passion commune de la mer, les mêmes yeux blanchis et ridés par le sel, le fond du regard remplis d'embruns et d'expériences extraordinaires y sont sûrement pour quelque chose.

 

L'ambiance du Rallye

Le tapis rouge que nous déroulent les marinas et municipalités pour nous accueillir. Les boscos de la marina sont tous sur les pontons pour nous aider à l'amarrage, les douches et WC de campagne sont installés, les cocktails, réceptions et dîners nous sont offerts. On serre la paluche et on danse avec le maire de Mersin, ou avec le président de Chypre nord. Etonnant ! Pour les communes, ministères du tourisme, marinas, le Rallye est une aubaine pour se faire connaître et démontrer les mérites de leurs services, dans l'espoir d'attirer des yachties et de développer leur économie. Ces gens là sont en pleine phase d'expansion, et on l'enthousiasme et la pêche de vrais pionniers.

 

L'incroyable expérience et maturité réunies dans ces 270 marins. Nombreux sont ceux qui vivent sur leur bateau, en Turquie, en Méditerranée, en mer du Nord ou sur les canaux de Hollande. De nombreux tours du monde dans le sillage, des régatiers, dont certains de haut niveau, comme Nick qui a gagné un Fastnet. Aussitôt sorti du port, les spis ne se font pas attendre pour flamboyer sous les lumières acérées de la brise matinale.

 

L'age des participants, souvent avancé : on a des personnes de 78 ans incroyable de vitalité, que ce soit sur le pont, dans les manœuvres, ou sur la piste de danse pour enchaîner les valses et rock roll. Nous nous laissons entraîner dans l'ambiance du Rallye, qui me rappelle les folles années des stages UCPA à Val d'Isère : fêtes déjantées la nuit et ski effréné le jour.

 

A l'escale, beaucoup d'entraide pour dépanner celui qui a une avarie. L'un est mécanicien, l'autre kiné, celle ci coiffeuse passe ses soirées à couper les tifs sur le quai. Je suis connu comme le spécialiste électronique et passe des heures sur certains bateaux pour diagnostiquer une panne ou former un skipper sur MaxSea, le logiciel de navigation.

 

La Turquie

A la suite de nos messages de l'an dernier, ou j'ai pu vanter les mérites et le modernisme de ce pays en plein essor économique et finalement très proche de nos modèles occidentaux, j'ai reçu de la part des amis français, de nombreux commentaires négatifs sur la Turquie, usant de l'argument que durant 3 mois, je n'avais connu que la partie touristique de la Turquie, et que les villes de l'est turc étaient beaucoup plus en retard. Et bien cette année, ça y est : nous avons poussé à l'est, jusqu'à la frontière Syrienne, dans des villes ne voyant pas un touriste. Du pur turc, sans souci de plaire à l'extérieur. Vous ne pouvez pas imaginer l'activité trépidante des commerces, des artisans, des industries, la qualité et le luxe de certains magasins, le nombre et la qualité des équipements collectifs, universités, complexes sportifs, piscines, la propreté des rues et lieux publics. Les signes d émancipation de la femme. On sent un immense désir des turcs de construire des habitations décentes, d'améliorer leur condition de vie, de se diriger vers le modernisme, et donc de travailler dur pour y arriver.

C'est très impressionnant de voir un tel dynamisme en route et cette volonté de faire un jour partie du monde occidental.

   

Les escales

 

Nos escales ne sont pas vraiment relâchas. C'est l'apéro ou le barbecue sur le quai en arrivant, la douche, le copieux dîner parfois dansant, les olympiades nautiques de Kemer (à coté du site historique Olympos), les visites touristiques organisées par les agences locales, les « group briefings », l'entretien du bateau, puis juste le temps d'avitailler avant l'étape suivante.

Alors qu'Evelyne participe à la plupart des visites, je me cantonne aux incontournables, et préfère parfois flâner dans les zones artisanales des villes, à discuter avec le charpentier de marine, l'accastilleur, le mécano,… C'est ici que je trouve la vie, et de l'intérêt technique, plus que dans les vieilles pierres qui ne sont pour moi que les marques poussiéreuses d'un passé lointain, même si il fut prestigieux.

La Turquie est truffée de villages Lyciens avec leurs tombes, d'architecture byzantine, de villes grecques, transformées par les romains. On y apprend que St Nicolas (oui, le Père Noël) vivait au village de Myra, St Barnabé à Chypre, que St Paul habitait Tarsus avant de sillonner les mers en mission apostolique, que St Pierre a célébré sa première messe dans cette grotte d'Antioche, ….

 

Alors si vous aimez les ruines, venez enTurquie. Et si vous ne les aimez pas, alors venez y quand même, vous y découvrirez des milliers d'autres centres d'intérêt.

 

Courte expérience en Syrie

 

 

 

 

La Syrie est un vrai choc culturel et économique par rapport à ce qu'on vient de connaître en Turquie. Beaucoup plus pauvre, malgré de fortes exportations de pétrole, les villes grises et truffées d'immeubles mal construits, les magasins bien achalandés mais uniquement de produits de base, surtout locaux, excluant la plupart des produits occidentaux et modernes (le Coca Cola n'existe pas, c'est vous dire), les tenues vestimentaires sobres et tristes, la grande majorité des femmes copieusement voilées et tout de noir vêtues, les visages sévères. Plus qu'un autre pays, c'est un autre monde, très proche de ses traditions religieuses, loin de notre occident aux valeurs tellement différentes. Notre guide répond de manière officielle et évasive sur les questions embarrassantes à propos de la Turquie, du Liban.

 

Evelyne visite la Grande Mosquée de Damas, les magnifiques ruines romaines de Palmyre et le Krach des Chevaliers, bastion des croisades.

Nous partons ensuite pour la vieille ville d'Alep, sa citadelle, son souk et son hammam.

 

Nos prochaines escales

1-Jun-06

Thursday

JOUNIEH arrival in Lebanon

5-Jun-06

Monday

JOUNIEH departure from Lebanon

6-Jun-06

Tuesday

HAIFA arrival in Israel

8-Jun-06

Thursday

HAIFA departure

9-Jun-06

Friday

ASHDOD arrival

11-Jun-06

Sunday

ASHDOD departure ASHKELON arrival

14-Jun-06

Wednesday

ASHKELON departure from Israel

15-Jun-06

Thursday

PORT SAID arrival in Egypt

19-Jun-06

Monday

PORT SAID departure from Egypt

20-Jun-06

Tuesday

HERZLIYA arrival in Israel

21-Jun-06

Wednesday

Fin du Rallye

 

A bientôt, et portez vous bien en ce printemps finissant,

Evelyne et Gérard, de Boisbarbu.

 

 

 

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