Boisbarbu autour de l'Italie, le retour.

30 Septembre 2004.

Boisbarbu a Venise, amarre sous la basilique de San Giorgio, en face de la place San Marco

Buongiorno,

Septembre a été le mois du retour de Boisbarbu, vers son port d'attache. Mais de Venise a Port St Louis, le vol d'oiseau n'etant pas permis aux bateaux, il nous faut redescendre tout l'Adriatique, contourner la botte italienne, passer le détroit de Messine et remonter l'Italie jusqu'à la Corse, avant de rejoindre notre bonne vieille cote d'azur.

Notre itinéraire de retour, part de Venise, descend l'Adriatique par le milieu, contourne la botte,

remonte l'Italie, le cap Corse, la cote varoise et termine dans les Bouches du Rhône.

Objets du souvenir: Lune et Soleil de Venise accompagnent

La lune des Haïtisis (République Dominicaine)

Nous avons agrémenté ce convoyage de belles étapes touristiques le long de la cote italienne:

•  Le port d'Ulysse à Rocella Ionica, sous la botte italienne, rendez vous des bateaux de voyage revenant de Croatie, de Grèce et de Turquie.

•  Tropea, petite ville pittoresque de Calabre

•  Agropoli, magnifique cite grecque au nord de la Calabre

Arrivée sous spi a Agropoli

•  Les îles pontines: Capri, Ischia, Procida, Ventotene, Ponza.

•  Les îles Toscanes: Giglio, Elbe.

Une très belle rencontre au large de l'ile d'Elbe, un soir au coucher du soleil: des baleines rorqual d'une dizaine de mètres. Notre attention fut d'abord attirée par leur souffle et nous avons ensuite pris plaisir a admirer leur évolution a quelques mètres de Boisbarbu. Plaisir mêlé parfois d'inquietude lorsqu'une baleine passe juste sous l'etrave. Nous ne connaissions pas ses intentions…

•  Escale au vieux port de Bastia pour une soirée avec notre copine Marie-Colette

Bastia: rencontre avec Michel Desjoyaux, qui n'a pas relevé le défi de régater avec Boisbarbu…

•  Puis enfin quelques pauses sur la cote française avant de regagner Port St Louis, ou nous retrouvons Henri et son “Rayon Vert”, magnifique trimaran de 50 pieds, tout juste mis a l'eau pour un tour du monde.

Nos équipiers:

Yves et Jean-Pierre nous ont rejoint a Venise et ont traverse tout l'Adriatique avec nous pour enfin passer le mythique détroit de Messine et débarquer à Tropea. Ce jour la, Messine a été très clément, alors que nous nous attendions a de forts vents dans le détroit. Nous sommes donc passes de Charybe à Scilla sans embûche.

La bonne pêche d' Yves : une bonite, … et le requin d'Evel y ne

La salade du déjeuner L'heure du thé

Le détroit de Messine, par calme plat

La traditionnelle photo des équipages

Arlette et Nicolas ont embarque sur Boisbarbu a Procida, devant Naples et ont rejoint la cote française avec nous. Arlette, après une dure traversée vers le continent, a pose son sac a terre a Bormes. Nicolas nous a prêté main forte jusqu 'a Port St Louis pour nous aider au nettoyage/hivernage de Boisbarbu, un gros et ingrat boulot.

Arlette, La Reine du Sud Le port de Procida

Coup de vent, orages et pluie a l'ouest de l'Italie: nous remettons les cires après 2 mois de soleil.

Nous avons lors de ce long parcours bénéficie de vents généralement favorables, parfois assez faibles. Toutefois quelques coups de vent:

•  l'un sous la botte italienne pour traverser les golfes d'Otrante et de Squillace: du 35 Noeud au portant, toute la nuit. De magnifiques surfs, avec Saturne et Orion sur bâbord.

•  Le second entre le sud et le nord de l'Italie, de Ponza a Giglio, a commence par des orages et des pluies battantes, puis un vent de travers (nord-est) toute la nuit. Boisbarbu allait vite, ce qui nous arrangeait bien.

•  Le troisième, entre Cap Corse et Antibes: du vent depressionaire et un Mistral menaçant que nous avons contourne par l'est, levait une mer forte au Cap Corse.

•  Et le quatrième entre Hyeres et Port St Louis: le traditionnel Mistral, toujours surprenant par sa violence et levant une mer dure. On a profite de ses moindres faiblesses pour progresser par saut de puce vers l'ouest. On s'est même fait bloquer 20 heures dans un port minuscule (La Redone), a 15 milles de Port St Louis. C'est sous 3 ris et foc de route, que notre périple s'acheve dans le canal de Port St Louis, avec une rafale finale a 48 noeud.

Coup de Mistral: Bonjour la prévision météo: force 9, 10, 11 le front nuageux passe

La cuisinière arrache ses cardans dans un coup de gite et menace de traverser le carre,

pendant que Nicolas et Evelyne se protègent du froid sur le pont.

Port St Louis: la sortie de l'eau et le chargement du camion rouge

C'est donc maintenant l'heure du bilan de cette centaine de jours de navigation avec 4000 milles parcourus. Nous sommes combles par tout ce qu'on a vu et vécu.

Ces quelques mois en mer ont été d'abord un beau voyage, un voyage comme les décrivait Voltaire, ou l'objectif n'est pas tant la destination que le parcours lui-meme. A l'ere des autoroutes rapides, des TGVs, des avions intercontinentaux, il est bon de passer son temps dans le parcours, sans se fixer sur le point d'arrivee. C'est au cours du parcours que l'on voyage, que l'on découvre, que l'on apprends, que l'on grandit. Ce voyage à la force d'un parcours initiatique ou l'on quitte une rive (“partir, c'est mourir un peu”) pour en rejoindre d'autres. Le temps et l'espace distillent leur alchimie qui nous transforme. On en revient différent.

L'aventure fait aussi partie du jeu. Même si elle n'a rien d'extraordinaire, elle est notre aventure, ou chaque jour qui passe transforme l'inconnu en connu. Quand c'est connu, ça parait facile, mais tant que c'est inconnu, ce n'est pas la même chose. L'imprevu est a la sortie du mouillage, derrière cette île, derrière ce nuage d'orage, entre Boisbarbu et l'horizon. Même si l'aventure est parfois angoissante, elle a quelque chose de grisant. C'est aussi cette sensation que nous recherchons.

Mais c'est surtout pour le plaisir, le plaisir d'etre en mer, le plaisir de sentir ce léger vent de terre au lever de soleil qui extrait Boisbarbu de son mouillage, sur une mer calme comme un lac, la gite qui s'accentue, le bateau qui accélère dans la risée, le chuintement de l'eau le long de la coque, le soleil qui réchauffe les lombaires lorsqu'on est dans le balcon avant, une main sur le guindant du genois et le regard sur l'horizon, le vol du goéland, l'air rieur du dauphin qui joue avec l'etrave, le souffle puissant de la baleine et son mouvement majestueux, le spi multicolore qui nous tire vers l'avant, le ris que l'on prends juste a temps, avant que le gros nuage noir genere sa bourrasque, le dîner au coucher du soleil, le quart de nuit ou l'on choisi son étoile comme un phare a garder entre les haubans, l'odeur de la couchette dans laquelle on s'affale, épuise, mais heureux d'avoir bien navigue…

Nous sommes maintenant a Grenoble, heureux de retrouver nos familles et amis. La vie a terre reprends doucement, pour d'autres rencontres, d'autres voyages, d'autres aventures.

Evelyne et Gérard.

 

 

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