Boisbarbu en Croatie du nord.

31 Aout 2004.

 

Dobar Dan,

Au cours du mois d'Aout, Boisbarbu a sillonne la Dalmatie septentrionale, de Sibenik a Trieste.

Comme en juillet: grand beau temps, vent modere, des mouillages de reve et de petits ports charmants.

Notre itineraire en Croatie du nord, les ilots d'Adriatique centrale, l'Istrie, puis la traversee sur Venise..

De Sibenik, ou nous avions laisse Renaud et Renee, nous sommes partis naviguer en mer de Murter, au large de Vodice, ou nous avons embarque Patrick, Laurence et Charlotte, pour une navigation dans le fameux archipel des Kornati, aux pa y sages deserts et lunaires, puis dans la mer interieure de

Telascica au sud de la longue ile de Dugi Otok

Archipel des Kornatis

A nouveau seuls, nous avons enfourche un scooter, pour visiter les petits ports de Dugi Otok, leurs chapelles, leurs places de village ou on y joue a la boule l y onnaise. C'etait jour de fete nationale, et la soiree se termina fort tard au son des orchestres folkloriques, des chants en canons, des jeux pour enfants, et de la Pivo locale (Pivo = bierre).

Easy Rider sur Dugi Otok

Cap sur Zadar, ou nous embarquons Daniel et Anne, pour une deuxieme visite des Kornatis. Cet archipel vaut le coup d'oeil et on ne s'en lasse pas, d'autant que les nombreuses possibilites de mouillage offrent toujours de nouvelles surprises. Pour s' y rendre, quelques emotions, tel que le passage sous un pont ou le mat de Boisbarbu passe a 80cm sous le tablier du pont, ou comme cette passe etroite et sinueuse avec 20 cm d'eau sous la quille et 4 noeuds de courant dans le dos (pas mo y en de faire marche arriere, une fois engage). Visite des iles de Silba et Olib, ou la voiture et le scooter n'ont pas encore fait leur apparition, et ou une petite chapelle s'abrite au fond de chaque crique.

Vieilles pierres a Rab

Le port de Bakar

Le port de Luka

La ville de Rab .................................................................................................................. La tour de Silba

Apres avoir laisse nos 2 equipiers sur Rab, magnifique ville medievale fortifiee, aux 4 clochers. Nous mettons le cap sur l'ile de Cres ou nous trouvons une immense zone de 8 mouillages aux eaux turquoises et parfaitement proteges. Bien difficile de choisir l'un d'entre eux. Ils nous rappellent les mouillages antillais. Puis remontee vers le nord sur les iles montagneuses de Krk, derriere laquelle se trace le Velebitski Kanal, ou les terribles vents catabatiques de la Bora ont couche plus d'un voilier. Juste avant d'atteindre le continent, une bourrasque a 35 noeuds nous rappelle a l'ordre et a la vigilance apres ces deux mois de vents legers. Les reflexes sont vite retrouves, et c'est avec rapidite que nous enroulons le genois et prenons les ris dans la grand voile. Mais la, retour a la civilisation en touchant le continent sur la cote nord, truffee d'installations petrolieres, usines chimiques, et plus loin de grands hotels en beton. Nous realisons que ces 2 mois viennent de s'ecouler pour nous comme un long fleuve tranquille dans une quietude et un pa y sage de cinema.

Ce ciel annonce un coup de vent sur la cote d'Istrie: la Bora

C'est pres de Rijeka, que nous embarquons Jean et Claude pour faire le tour de l'Istrie, en visitant Cres, Pula, Rovinj Vrsar et Porec, avant de traverser vers l'Adriatique vers l'Italie par une nuit de pleine lune, et d'embouquer le canal du Lido pour entrer dans la lagune de Venise.

Jean et Claude se reconfortent apres leur premieres traversee de nuit

Et arriver a Venise a la voile, ca je peux vous dire que c'est de l'emotion, surtout quand on arrive jusqu'a la place San Marco sous voiles, vent arriere, en se fra y ant un chemin a travers les remorqueurs, vaporettos, gondoles, au petit matin, et qu'on passe devant le palais des doges aux couleurs doucement rosatres du soleil levant… Et comme point final de cette entrée dans Venise, nous trouvons un appontage a San Giorgio, juste devant la place San Marco.

Nous en avions revé… Boisbarbu l'a fait !

Boisbarbu a Venise, ou nous relachons quelques jours pour visiter cette ville magique.

C'est l'heure des bilans pour cette navigation en Croatie: et le bilan est vraiment positif et enthousiaste:

•  C'est 1300 milles parcourus depuis Dubrovnik au travers de toutes ces iles.

•  c'est un paradis de la voile, par la multiplicite de ces iles (1100 iles et ilots), et la beaute de ses pa y sages sauvages. Notre cote d'azur avec ses iles d'H y eres, l'Esterel ou les Calanques, ne supporte meme pas la comparaison. Comparable aux Antilles, avec le depa y sement et l'eloignement en moins. Saviez vous que Grenoble n'est qu'a 600km de la Croatie a vol d'oiseau ? Avions nous realiser cette proximite lors du conflit y ougoslave !

•  Une mer comme sur un lac. Tres rarement des vagues. Le bateau glisse alors sur l'eau a 4 noeuds, meme avec une legere brise de 6 noeuds.

•  Des vents calmes (parfois un peu trop) qui nous laissent naviguer tous les jours, sans une exception. Nous avons eu que trois fois des vents entre 25 et 38 noeuds.

•  Sur 2 mois de mer, 58 jours de soleil.

•  Des centaines de mouillages, de toutes sortes, dans des criques, des trous a c y clones, des ports, des hauts fonds, des passes, … ou il faut adapter constamment le t y pe de mouillage avec la configuration de la geographie.

•  Des eaux cristallines, meme dans les ports, avec toutefois peu de poissons. La faune terrestres et oiseaux sont egalement rares.

•  A la fois une complexite pour la navigation (de par la “foret” d'iles au milieu de laquelle on evolue) et une simplicite en raison des cotes saines avec tres peu de pieges.

•  Des villes medievales pleines de charme.

•  Des petits ports de village tres authentiques et encore peu equipes. Imaginez St Tropez dans les annees 40: 20 barques de peches, et 2 voiliers, sur le quai, un petit café, une fontaine, un pecheur qui ravaude son filet, un etalage de fruits et legumes.

•  Le silence des mouillages, la quietude des villages. Le retour a la civilisation sera rude.

•  Une population s y mpa, nous faisant bon accueil. J'avais eu, il y a 20 ans, lors de notre raid en planche (Rijeka, Sibenik), un accueil tout a fait different, beaucoup plus froid. Il faut dire que c'etait sous Tito, et puis ils ont vecu la guerre de 90/91 qui a dechire les villages. On a ete surpris de voir que meme les petits villages des iles ont ete frappes de plein fouet par cette guerre qui a oppose les habitants et leurs voisins de palier.

•  On m'avait annonce beaucoup de monde. En fait, beaucoup de bateaux dans les endroits connus (Kornatis, ports et mouillages principaux) , mais encore de nombreuses possibilites de mouillages et de ports ou on est le seul voilier.

•  Le tourisme encore peu present, et les amenagements encore tres bien maitrises.

Donc, si c'etait a refaire, nous re-choisirions la Croatie.

Si il fallait faire un choix entre le sud et le nord de la Croatie, ce serait bien difficile. L'un comme l'autre nous ont enchante. Le sud avec ses grandes iles, le centre et le nord avec sa multitude d'iles et d'ilots. Decidemment, il faut les faire toutes, et pour cela, on a besoin de temps, de beaucoup de temps pour decouvrir les tresors caches au fond de ces criques, les petites villes medievales, les ports minuscules ou la place est limitee a quelques barques de pecheurs et a un ou deux voiliers.

Au niveau des rencontres avec d'autres bateaux, ce fut surtout dans le sud que nous avons s y mpathise avec d'autres bateaux de vo y age.

Le sud est parcouru par des bateaux allemands, francais, anglais, americains, alors que dans le nord, tres peu de bateaux de vo y age, et principalement des italiens et autrichiens.

A part cela, beaucoup de bateaux de location a la semaine.

Nous avons rarement ete seuls a bord. Plusieurs couples d'equipiers nous ont rejoints. Certains, habitues, d'autres completement novices. Nous nous sommes beaucoup poses la question de savoir si nous devions accueillir tout ce monde, ou garder nos vacances pour nous. C'est sur que cette succession d'equipages impose pas mal de contraintes au niveau des dates, des lieux de rendez vous (ou ne nous serions pas necessairement rendu), du netto y age du bateau et de l'avitaillement (t y piquement une bonne journee de travail chaque fois), de l'itineraire coherent et attra y ant a construire pour la semaine, de la promiscuite et du manque d'intimite a accepter pendant une semaine. Mais d'autre part, ce fut une occasion de partager la vie a bord avec des amis et des membres de nos familles, de renforcer des liens a travers une experience vecue, de faire partager notre passion de la voile et du vo y age, de confronter nos idees, nos manieres d'etre, et de nous imposer un planning qui nous a fait parcourir tout l'itineraire prevu au depart. En tout cas, tous ces equipiers se sont parfaitement adaptes a la vie sur Boisbarbu, aux economies d'eau et d'electricite (imposees par notre choix d'autonomie) et ont fait preuve de beaucoup d'attention pour Boisbarbu en modifiant aussi peu que possible son equilibre. Bravo et merci a eux pour leur amitie.

Quant a Boisbarbu, il a trouve son equilibre apres 2 mois et demi de navigation. C'est toujours comme ca: au debut, apparaissent les avaries, dues a la reprise apres une longue periode d'inactivite et dues au manque d'harmonie de ses equipiers (meme le skipper met plusieurs jours avant de se re-amariner et d'apprivoiser a nouveau son voilier). Puis les choses prennent leur place, les manoeuvres s'organisent et s'ameliorent chaque jour, indiciblement, au r y thme des quarts, et l'harmonie, voire la conivence entre le bateau et ses equipiers voit le jour. Et pour cela aussi, il faut du temps. Boisbarbu nous etonne toujours quand il prends de vitesse ses pairs, et meme vis a vis d'unites plus grandes, il a fier allure notre Boisbarbu, et gratte souvent ses adversaires de passage. Tout ceci grace a ses qualites marines, et puis surement grace a ses reglages, que nous ajustons maintenant instinctivement.

C'est maintenant un tout autre t y pe de navigation qui nous attends pour le convo y age de retour: 640 milles de pleine mer jusqu'a Messine. Depart Samedi 4 Septembre (on ne demarre pas une traversee un Vendredi !). Puis 400 milles au large de la cote ouest italienne, ou nous ferons escale sur les iles pontines a l'ouest de Naples, et les iles toscanes. Enfin, du cap Corse, il nous restera 230 milles pour regagner Port St Louis, vers la fin Septembre.

Mille Baci !

Evelyne et Gérard.

 

 

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