Du 27 décembre 2000 au 4 janvier 2001 - Trinidad-Tobago-Trinidad
: recette pour changer de millénaire
Un récit de Jacques Husser
Un beau voyage se prépare
Fin d'année 2000 : tous les préparatifs pour le voyage sont faits.
Le démarreur est acheté, les diodes Schottky pour le panneau solaire aussi,
même les vis de fixation de ris…
Week-end de Noël : nous apprenons par Lorette que les équipiers de Boisbarbu
sont sains et saufs, que le bateau a subi quelques " légères " avaries et qu'il
est en fait au Marin en Martinique et non à Trinidad comme envisagé !
Finalement, notre ami Gégé se décarcasse, répare l'étai et le reste, on se parle
par Email et même téléphone et il est décidé de se retrouver le 28 Décembre
à la Crews Inn Marina de Charguaramas, qui comme chacun sait se trouve sur Trinidad
à 1 heure à l'Ouest de Port-of-Spain, la capitale.
Chaguaramas , 28 Décembre 2000
14 heures 30 : Boisbarbu s'enregistre aux douanes locales.
15 heures 10 : Dominique, Françoise, Jean-Marie et Jacques s'extraient péniblement
du taxi rustique qui les dépose à la Marina après les 8 segments de transport
qui sont détaillés plus bas (pour les amoureux du voyage seulement !)
Vous avouerez que 40 minutes d'erreur sur une traversée de l'atlantique, c'est
correct !
Embrassades évidemment, et joie de se retrouver à l'autre bout du monde.
Gégé voulant certainement épargner ses hôtes plus que les dollars TT (prononcer
" titi ", c'est à dire Trinidad et Tobago ), il avait choisi ce qui se fait
de mieux en matière de Marina, ce qui fait que la totalité de la gente féminine
s'est jetée dans la piscine superbement située.
Pendant ce temps-là, notre Gégé national s'affaire sur le bateau et notamment
installe le nouveau démarreur électrique dans l'espoir que ce dernier se comporte
un peu mieux que son ancêtre.
LaVache Bay, 29 Décembre 2000
Départ de Chaguaramas le lendemain vers 11 heures (on est pas à la boure tout
de même…) pour la côte nord-est de Trinidad sur laquelle nous allons naviguer
jusqu'à 18 heures. Plusieurs baies sont envisageables pour mouiller : une seule
retient notre attention, LaVache Bay (pour les esprits ramolis, prononcer "
la vache bè " !).
L'endroit est superbe, grande plage de sable blanc avec de nombreux cocotiers
se mirant dans une mer bleue comme on se l'imagine, des barques de pêcheurs
de dandinant gentiment au gré du ressac d'une eau à 28 degrés (celsius évidemment
!)……….
Eh bien, NON, ça, c'était l'appartement témoin ! En fait, il est 18 heures,
je le rappelle, donc il fait presque nuit, on n'y voit " que dalle ", l'eau
est plutôt verte, il y a des rochers et il va falloir jeter l'ancre ! Ce que
l'on fit après avoir fait quelques ronds dans l'eau…
L'endroit ressemble plutôt à un fjord nordique à l'exception de la végétation
de toute évidence luxuriante. Pour finir le tableau, des nuées de pélicans noirs
tournoient au dessus du bateau et pêchent du poisson en se jetant de 10 à 20
mètres de haut. Au moins, ces gars là n'ont pas de problèmes de vue !
Malgré un roulis maximum, la nuit se passera bien.
Maracas Bay, 30 Décembre
Les filles avaient bien fait de se baigner dans la piscine de la Marina car
la concentration de méduses y était nettement moins importante. A LaVache Bay,
il fallait compter environ 45 méduses (de la taille d'une balle de tennis) au
metre cube, et un mètre cube, c'est pas grand, même si la jeune fille qui s'y
baigne est du genre sirène filliforme, ce qui bien sûr est le cas de nos trois
représentantes ! Donc pas de baignade…de toute façon, la couleur de l'eau n'invitait
pas forcément les foules !
Départ pour Maracas Bay (là, je ne vous aide tout de même pas à prononcer…),
un autre mouillage, mais celui-là nettement plus engageant a priori. Les sirènes
vont enfn pouvoir prendre leur bain, malheureusement pas dans le costume dont
vous auriez pu rêvez, tout fout le camp…
Boisbarbu va rester ancré jusqu'à 20 heures dans cette baie, heure à laquelle
il est décidé de partir pour la pointe Nord de Trinidad d'où nous allons traverser
vers Tobago. Les quarts s'organisent et c'est parti !
Pigeon Point, 31 Décembre
Après 12 heures de près, Boisbarbu approche d'une de ces plages qui ressemble
effectivement cette fois aux cartes postales du coin : Pigeon Point (prononcer
" pitjeune poyeunte ", là c'était plus dur je vous l'accorde !). Rappelons nous
bien ce nom car c'est là que Gégé, Evelyne et nous autres (comme on dit au Québec)
allons changer de millénaire (car la prochaine fois que l'on sera amené à changer
de millénaire, on sera nettement moins frais à mon avis !)
L'endroit est sompteux, la barrière de corail est toute proche et la plage n'en
finit pas. Le soleil tape, Jean-Marie et moi sommes, ou sous le tau, ou en djellabah,
seul vêtement capable de cacher le maximum de peau et sans lequel l'incendie
est inévitable ! Cependant, nous sommes proches du meilleur : le réveillon.
Menu : foie gras (si, si…), cassoulet français, bœuf cuisiné, et surtout, mais
surtout le blanc-mangé d'Evelyne, spécialité héritée de son passage à la Martinique.
Ce truc là, c'est pire que l'extasie : vous en prenez une fois, vous ne pouvez
plus vous en passez ! !
Les vins : un Pommerol (qui n'a pas aimé ses vacances sous les tropiques, tant
pis pour lui) et un Mouton-Cadet qui lui les a bien aimés (tant mieux pour nous
!).
Bref, on avait du mal à croire, à comtempler nos assietes, que nous étions sous
les tropiques. La vraie différence avec un réveillon en France, c'est que nous
étions couchés à 22 heures (du soir !) MEMORABLE.
Castara Bay, 1 Janvier du troisième millénaire
En se réveillant, nous avons tous consaté que tout était normal : pas de signes
avant-coureurs d'apocalypse, pas de boutons sur le visage, pas de coup de soleil
attrapés de nuit, bref on avait changé de millénaire quasiment sans s'en rendre
compte…
Départ vers 11 heures (faut pas commencer l'année trop fort quand même…) Arrivée
à Castara Bay (je ne vous le fais pas non plus sur celui-là) vers 16 heures,
faudrait pas être 2 fois en retard la même journée comme disait Coluche…
Superbe ! Quelques barques de pêcheurs flottent dans la baie, les cocotiers
protègent la plage, et le corail est à 20 mètres. Là, on sent qu'on va y rester
un peu plus….
Tout l'équipage sort les masques, tubas et palmes et direction les coraux. Là
bas, ça s'appelle du snorkeling (prononcer " schnorcline ") et c'est plus joli
qu'à la prononciation. Comme toujours, c'est un spectacle à couper le souffle
(d'où le tuba) où toutes sortes d'espèces de poissons se cotoient dont les couleurs
sont plus fluo les unes que les autres (munissez-vous d'un caméscope couleur
parce que en noir et blanc, ça ne va pas donner grand chose !). Une raie d'un
mètre cinquante (selon Jean-Marie qui a des origines marseillaises comme chacun
sait) aurait même été aperçue autour du bateau.
Castara Bay, 2 Janvier
On vous avait dit qu'on resterait plus longtemps !
Donc, re-schnorcline le matin. Installation des diodes schottky sur les panneaux
solaires (ça marche!) et départ vers 15 heures pour Irwine Bay (prononcer "
eurvailleneu bè "). Il est temps que ça se termine car nous partons de plus
en plus tard des mouillages, on va finir par se décaler d'un jour et je ne vais
savoir comment expliquer cela à mon patron…
D'autant qu'Irwine Bay, c'est le retour à un certain style de civilisation que
l'on avait déjà oublié. La route nationale est au loin près de la plage, on
jète trois fois l'ancre avant de pouvoir se dire que c'est bon (on gênait toujours
quelqu'un ou quelque chose… !). Et roulis maximum, parce que la baie n'est pas
du genre super protégée. J'aurais dû me haubanner pour la nuit, cela m'aurait
éviter d'écraser Françoise à chaque vague (c'est pas forcément désagréable,
mais au bout de huit heures, elle m'a paru lassée !)
Retour Trinidad, 3 Janvier
De toute façon, le départ est sonné pour 5 heures 30, on a tout de même 70 miles
à se taper (une bricole évidemment comparée à la traversée de nos précédents
équipiers !)
Finalement, cette traversée, on la fera en mode " péniche ", c'est à dire avec
le moteur à fond pendant les 12 heures because pas un poil de vent ! Une vraie
mer d'huile… Alors, on a eu le temps de parler, réfléchir et il s'est même passé
un événement extraordinaire : à 9 heures précises, Jean-Marie a pêché le premier
poisson de sa vie à la traine (le poisson, pas la vie !), voilà un troisième
millénaire qui s'annonce sous les meilleurs auspices ! Gégé qui s'était visiblement
entrainé durant la transat (et non sur un transat, si vous voyez la nuance)
a récupéré la bête et lui a tranché les ouies avant qu'il ait le temps de dégager
ses toxines. Dommage, il était beau ce petit (eh oui, parce que ce n'était pas
un thon de 50 livres) poisson tout bleuté. On n'en saura peut-être jamais le
nom mais on se rappellera forcément que préparé cru en marinade avec des échalottes,
c'était fameux.
Arrivée à Trinidad Chaguaramas vers les 17 heures. Plein d'essence. Et là, le
moteur ne démarre pas…on avait bien crû que cette semaine allait être un sans-faute
! Après l'avoir laissé reposer, finalement, c'est reparti. Et nous nous sommes
amarés au ponton d'à côté. Après que les filles m'aient contraint à prendre
une douche à poil sur le ponton (Dominique s'est jetée sur son appareil photo,
ça m'inquiète encore parce que d'ici qu'elle me mette des documents compromettants
sur le Net, y'a pas loin, j'te ferai ton p'tit chèque ma Dominique, t'inquiète
pas...) et pour fêter dignement cette superbe semaine, on s'est invités au resto
du coin où l'on a pu se régaler du poisson local, fort heureusement pas sorti
du port (enfin on l'espère…) parce que l'eau n'avait rien du bleu des mers du
Sud.
Dodo vers 22 heures car taxi à 7 heures demain matin.
Départ vers Port-of-Spain, 4 Janvier
Ca y est, c'est fini, il va falloir retourner à la civilisation occidentale.
Mais Bonne Nouvelle : cette semaine fut la première pour Gégé et Evelyne lors
de laquelle ils n'ont pas tenté de sortir quelqu'un du bateau en pleine tempête,
ils n'ont pas risqué de démater ou d'autres gâteries dans ce genre. Bref : cela
devait être la semaine porte-bonheur et ça l'a été ! Le vrai début de la période
de calme, dans les eaux des Caraibes où nous leur souhaitons de vivre pleinement
leur rêve !
Bon vent à eux deux et à tous les équipiers qui les rejoindront.
Jacques " le second "
Post-sriptum un peu long : pour les amoureux du voyage (à
ne surtout pas manquer ! )
Si vous avez tenu jusque là, vous pouvez vous tenter la suite !
Car le meilleur reste à venir : le récit du voyage aller-retour que nous avons
fait (Dominique, Françoise, Jean-Marie et moi) pour faire l'honneur du nouveau
millénaire à Gégé et Evelyne. Alors, retenez votre souffle, c'est parti…
Premier segment : Grenoble -Lyon Part-Dieu (voiture)
Objectif : récupérer les billets de TGV car le pré-acheminement vers Paris d'American
Airlines se fait par TGV. La veille du départ, nous nous rendons donc à la Part-Dieu.
Pour information, il n'existe qu'un seul guichet SNCF pour l'échange. Réponse
: les billets ne sont disponibles que le matin même du départ ! Il faut donc
repasser demain matin à 6 heures 30, ça commençait fort !
Deuxième segment : Tassin - Part-Dieu (taxi)
Les billets sont là mais nous ne sommes pas tous les quatre dans le même
wagon. Normal, nous n'avons réservé "qu'il y a 5 mois", alors comment prévoir…
! Après palabres, nous obtenons finalement des billets dans la même voiture.
Troisième segment : Part-Dieu - Roissy
Rien à dire : on part à l'heure, on arrive à l'heure ! Ce sera le seul segment
du voyage aussi parfait ! Merci la SNCF (prononcer "Sur Neuf, Cinq Fainéants",
que les cheminots ne prennent pas ombrage!)
Quatrième segment : Roissy - New-York
Là, ça commence à se gater : d'abord une heure de retard puis finalement 2 heures
de retard au décollage. On s'inquiète un tantinet pour notre correspondance
suivante (le vol vers Caracas). On s'inquiète aussi parce qu'il y a dans nos
valises : deux boules de pain Bio, deux saussiflards du grésivaudan, des Saint-Marcelin,
du café, du parmesan et encore quelques bricoles succulentes qui mettent facilement
à mal l'humour des douaniers américains. Là-bas, cela s'appelle de la conter-bande
! Comme il se doit, les petits klébards des douaniers nous attendent à New-York
et reniflent joyeusement nos sacs ainsi que le pantalon de Dominique. De deux
choses l'une (l'autre c'est le soleil, comme disait Prévert), ou bien le pantalon
de Dominique sentait le fromage de chèvre, ou bien, beaucoup plus probable,
la truffe de ces adorables animaux étaient en panne ce soir là : ils nous laissent
passer avec toute notre cargaison !
Cinquième segment : New-York - Caracas
Après quelque attente devant un breuvage américain, on monte dans l'aéronef
avec un peu de retard, puis on patiente une heure à bord (les transats sont
confortables), le pilote nous cause gentiment (avec une pomme de terre chaude
dans la bouche, comme d'habitude), puis la " petite " réparation devient un
gros emm… et on nous fait redescendre du zingue ! Une heure de retard nous est
annoncée, on avait eu tord de s'inquiéter, on était largement à l'heure ! On
nous remet alors un voucher qui nous donne droit à 8.50 dollars pour diner à
JFK (par personne tout de même) et Jean-Marie nous dégotte un de ces petits
coins gourmands de l'aéroport dont on oublie même le nom mais pas la bouffe,
tellement c'était succulent ! Heureusement pour ce prix, c'était pas copieux…
On remonte alors dans le zingue, on re-patiente ue heure et c'est finalement
avec plus de 3 heures de retard que l'on quitte l'aéroport JFK par la voie des
airs (belle performance).
Sixième segment : Aéroport vers Centre Ville Caracas
On se pose à Caracas vers 3 heures du matin (à cette heure là, l'aéroport est
assez pénard, et les customs officers locaux ont plus envie d'aller retrouver
leur toride épouse plutôt que de nous chercher des noises, tant mieux !) Ils
nous laissent passer sans problèmes, Saint-Marcelin et saussiflards compris…
Il nous faut maintenant identifier un de ces taxis de rêve qui vous emmènent
de l'aéroport au centre-ville sans que (je rappelle qu'il est 3 heures du mat…)
celui-ci fasse un détour et qu'on se retrouve tous les 4 à poil sur le bord
de l'autoroute et sans bagages (c'est jamais gagné !). On finit par embarquer
dans une limousine américaine dernier cri soit disant " officielle " qui n'a
d'américain que le nom et dont la clim consiste à laisser toutes les fenêtres
grandes ouvertes (ça tombe bien, de toute façon, il n'y a plus aucune poignée
et tout est bloqué…) et pour laquelle il vaut mieux avoir négocié le prix avant
de monter car de compteur, il n'y a en pas plus qu'il n'y a d'électricité à
bord d'ailleurs (mon pauv..Gégé, si t'avais vu ça !) Bref, nous arrivons devant
notre hotel de charme (ambiance la Santé à Paris), malheureusement, tout est
fermé, ils dorment ces braves gens à 3 heures du matin ! A force de tambouriner,
un brave type (enfin, c'est ce qu'on a crû) se pointe et nous ouvre. On lui
explique que nous avons une réservation pour une chambre de 4 personnes et là
il se bloque, le brave type. Pour 3, OK, mais pas pour 4 ! Re-palabre et il
lache prise : nous accédons à notre cellule de rêve pour le prix d'un Relais
et Chateaux en France, c'est fou les bonnes occases que l'on peut avoir dans
cette bourgade touristique! Juste pour info, une petite chambrine pour 4 personnes
dans un hotel sur la zone de l'aéroport coute environ $250, alors vous comprenez
que pour y passer 5 heures (le temps qu'il nous restait avant le prochain segment),
ça aurait fait un peu cher de l'heure...
Septième segment : Centre Ville Caracas vers Aéroport
Aussi mystérieux cela puisse paraître, autant tous les taxis au départ de l'aéroport
sont totalement déglingués, autant tous les taxis qui partent de la ville sont
nickels ! Il doit y avoir une réglementation locale qui nous échappe… Le type
nous dépose à l'aéroport sans problèmes, on a de la peine à y coire, sachant
que l'on ne paye jamais deux fois la même somme pour le même trajet, ça aussi,
c'est un mystère ! Nous sommes ainsi à l'aéroport 2 heures avant l'heure de
départ vers Trinidad, c'est large me direz-vous ? Eh bien, pas tant qu'on pouvait
le croire…car il nous faut acheter le ticket de retour Tobago - Trinidad (prévoyants
non ?). Et là, on est tombé sur un autochtone adorable qui a mis exactement
deux plombes pour émettre à la main (j'ai gardé ce document, je le revendrai
dans quelques années au musée de l'air de Caracas) nos 4 billets de retour (paiement
par carte Visa compris, envrion 20 minutes). L'histoire ne m'a pas encore dit,
je n'ai pas reçu mes extraits bancaires, si c'est le temps qu'il lui a fallu
pour copier ma carte ou si la transaction bancaire se fait à la vitesse du cheval
et non à celle de la lumière… il avait raison Jean-Marie, il valait mieux être
prévoyant !
Huitième segment : Caracas - Trinidad
A l'heure prévue pour le décollage, nous sommes toujours dans la salle d'attente,
mais là, on commence à être habitués…le responsable au sol passe alors dans
la salle d'embarquement désespérément à la recherche (non pas de Suzanne) mais
d'un passager qui ne accepterait de ne pas partir le jour même. Une chose était
sûre : ce n'était aucun d'entre nous, on n'allait tout de même pas manquer Boisbarbu
si près du but. Décollage avec la compagnie BWIA (prononcer " bi-oui "). Service
des sandwiches, succulents mais surtout très propres (ils avaient certainement
été rincés à l'eau juste avant d'être servis…ce qui fait qu' on aurait facilement
pu les confondre avec les serviettes !) Arrivée à Port-of-Spain où ces gens
là ont tout compris des bases du tourisme : on vous fait passer par une duty-free
de 250 mètres de long avant d'arriver à l'immigration (comme cela, c'est à l'aller
et au retour que l'on peut faire ces emplètes). On dédouane, le type nous demande
si nous avons des pièces détachées de bateau (mais qu'est-ce qu'ils vont chercher,
est-ce que l'on a une tête à transporter des pièces détachées…!!). Ca y est,
on est sortis de l'aRéoport (comme disent les québécois).
Neuvième segment : Port-of-Spain - Chaguaramas
Taxi. Le même style qu'à l'aéroport de Caracas, ça doit faire chic dans la région
! 45 minutes de route (quand même) et nous voilà arrivés dans la Marina : ca
y est, vous avez raccroché les wagons avec le début de l'histoire ! Big bisous
et tutti quanti.
Post-scriptum II : " Pour les fendus de voyages : le retour vers la France
! "
Attention, vous êtes entrain de devenir des accros…
Premier segment : Chaguaramas - Aéroport Trinidad
La veille du départ, Jean-Marie et moi arpentons à 3 reprises le parking à bateaux
(à moteur, personne n'est parfait Gégé !) de la marina pour nous rendre au poste
de garde afin de réserver un taxi pour le lendemain. Un type adorable qui visiblement
n'a jamais dû dépasser les limites de l'ile nous parle de la France dans un
anglais que même Champolion aurait eu du mal à déchiffrer. On lui fait confiance
(on a bien fait) et il nous confirme que le taxi sera dans la marina demain
à 7 heures. Effectivement, un taxi rutilant (même remarque qu'à Caracas) s'approche
à l'heure dite. Sur sa carte de visite, on lit "Reliable John", quel programme
! Le chauffeur d'origine indienne (par ses parents qui sont venus planter la
canne à sucre à Trinidad) nous fait une visite guidée complète de l'ile. Durant
le trajet d'une heure (le matin ça roule mal), notre ami qui a dû s'arrêter
de parler environ 5 minutes en tout, nous narre nombres d'anecdotes, nous donne
les tendances politiques et économques de l'ile avec une fierté perdue dans
nos contrées occidentales. On y apprend aussi que la chanson dont il me sera
difficile de vous chantonner l'air et qui commence par "Drinking Rum and Coca-Cola..."
a été écrite dans cette banlieue de Port-of-Spain pendant la présence des soldats
américains. Après cette page culturelle, nous voici à l'aéroport de Port-of-Spain,
la saga du retour peut commencer.
Deuxième segment : Port-of-Spain - Caracas
Vol sans problème où l'on retrouve néanmoins nos sandwiches déguisés en serviettes,
ce qui à cette heure avancée, nous fait tout de même avoir un penchant pour
le petit déjeuner continental.
Troisième segment : Caracas Aéroport - Centre Ville
Là ça y est, nous sommes devenus de vrais routards. On reconnait le style des
taxis, on connait la fourchette de prix à négocier (on tombe d'ailleurs sur
un coriace qui a voulu nous faire croire que l'inflation avait été de 20% en
une semaine !), on sait comment fonctionne la clim...bref la routine. On arrive
à l'hotel (ils sont debout cette fois!), on nous refuse la chambre pour 4 personnes,
on palabre, la réceptionniste fait encore plus de zèle que son collègue embrumé
de l'autre nuit et finalement on récupère notre cellule, parfaitement équivalente
à celle de la semaine passée, le bruit en plus (on donne sur la rue...) Nous
avons l'après-midi devant nous et nous décidons, bien que non armés (Jean-Marie
avait oublié de prendre son Magnum, quel étourdi...), de parcourir les rues
de cette coquète bourgade où 4 millions de personnes vivent entassées dans des
bidons-ville qui recouvrent les montagnes environnantes. Un peu comme si nos
montagnes grenobloises étaient couvertes de baraquements de Corenc à Crolles
et de Prapoutel à Chamrousse ! Finalement, notre balade se passera bien et nous
retrouverons presque avec joie notre cellule, y compris les bagages qu'on y
avait laissés !
Quatrième segment : Caracas - New-york
Vol à 9 heures, obligation donnée par la compagnie d'être à l'aéroport 2 heures
avant, donc départ de l'hotel à 6 heures, donc debout vers 5 heures (je préfère
nettement faire des quarts sur Boisbarbu). Au moment de l'enregistrement, l'hotesse
au sol nous regarde bizarrement et finit par nous dire que notre vol suivant
(le New-York Paris) est annulé ! Là, on sent une journée qui commence bien...d'autant
que cette jeune personne ne sait pas nous en donner la raison. Après renseignements,
il semblerait que Roissy soit fermé. Pour qu'on en soit à ce point, il y a dû
y avoir au moins un raz de marée à Paris ou une tempête de neige digne des meilleurs
hivers de Montréal. On nous demande si on part quand même pour New-York et la
réponse est instantanément positive pour trois raisons : on pourra en profiter
pour faire un tour dans Manhattan , on a le sentiment d'avoir fait le tour de
la coquete bourgade qu'est Caracas et surtout on n'a aucune envie de revoir
notre cellule une troisième fois.
Cinquième segment : New-York - Paris (le top du top)
Arrivés à New-York avec une heure de retard (mais on a franchement l'habitude
maintenant et de toute façon, on ne se considère plus comme à la bourre puisque
le vol d'après est annulé...), on cherche à se renseigner au comptoir American
Airlines sur ce qui se passe à Paris. Réponse à 13 heures (heure locale) : on
n'en sait rien, mettez vous dans cette ligne et on vous tiendra au courant !
Jusqu'à 14 heures, on est bien dans la ligne mais on ne nous tient pas au courant,
normal puisque tous les comptoirs sont fermés. Le temps passant, les passagers
du même vol que nous (ça en fait un paquet dans un Boeing 777 !) arrivent et
on les parquent façon "troupeau de buffles nord-est américain", remarquez c'est
normal, ils sont entrainés ces gens-là ! Après deux heures d'attente sans aucune
information, Jean-Marie et moi décidons d'aller faire un peu de gringue à la
plus jolie des hotesses qui enregistre les passagers d'un autre vol (d'abord
vous savez qu'on a bon gout et ensuite vous connaissez notre charme naturel...)
mais il semblerait que cela ait pu marcher puisque, sans que l'on sache pourquoi
Paris est fermé, on nous propose de nous mettre sur un volTWA (prononcer té-double-v-a...)
dont le vol pour Paris est assuré. Nous, on est pas rassurés, d'une part parce
c'est TWA mais surtout parce que l'avion va surement se poser au petit matin
dans un champ de la banlieue parisienne, Roissy étant donné pour fermé ! Bref,
l'envie de retrouver la France et nos amis si chers nous fait accepter et nous
voilà partis pour le terminal 5, c'est à dire totalement à l'opposé d'où nous
nous trouvons (normal, quand on atterit dans les champs, on décolle des champs...!).
Entre temps, 10 centimètres de neige sont tombés sur l'aéroport JFK, c'est à
dire plus que sur les Alpes depuis le début de la saison de ski ! Lorsque l'on
se pointe au comptoir TWA (vous savez prononcez maintenant n'est-ce pas ?),
les billets et réservations confirmés que nous avait remis la petite de tout
à l'heure se transforment rapidement en "nous ne sommes pas sûr d'avoir des
sièges et vous êtes en liste d'attente ! On se résume : on est plus chez American
Airlines mais on est pas encore chez TWA. L'impression est un peu celle ressenti
par celui qui vient de se lancer du 50ème étage d'un gratte-ciel (on est au
bon endroit pour cela...) et qui déclare en passant devant le 12ème : "jusque
là, tout va bien !" On nous demande alors d'être à la porte d'enregistrement
à 17 heures 30 pour le verdict. Après s'être restauré dans un de ces petits
coins gourmands dont on vous a déjà parlé, on se rend à la porte (Jean-Marie
a raison, il vaut mieux ne pas être en retard...). Le vol est censé décoller
à 18 heures 30. la confusion la plus totale règne dans cette salle où visiblement
nous ne sommes pas les seuls à ne pas savoir à quelle sauce nous allons être
mangés. Vers 19 heures, on est toujours au même endroit et on a le sentiment
que l'avion ne partira pas à l'heure, prémonitoire non !! On voit des scènes
où se mèlent inquiétude et énervement et il y a même un français (dont l'épouse
se serait volontiers transformée en n'importe quoi pour ne plus être là à cet
instant) qui après s'être pris de bec avec la totalité du personnel au sol (voilà
un gars qui sait se mettre bien avec les gens...), déballe l'intégralité du
contenu de sa valise sur le sol pour prouver à l'hotesse d'enregistrement qu'il
n'a pas perdu son billet ! Je ne vous décris pas le contenu de la dite malle,
ce serait trop long. Mais si cela vous intéresse, faites m'en la demande par
écrit avec une enveloppe timbrée pour le retour ! Après avoir compris que des
cartes d'enregistrement (bordine cartze en américain) se distribubaient à plusieurs
endroits de la salle (TWA a dû etre recalée à l'agrément ISO9000...), on finit
par monter dans l'avion dont les jolis "chaises en bois" qui équipent la classe
économique nous rappellent les voyages en micheline de notre jeunesse. Enfin,
on est à bord, on va partir...oui, mais pas tout de suite. D'abord parce qu'il
y a encore d'autres passagers à embarquer (dont notre ami français qui est plus
calme après ses pillules...) et surtout parce qu'après la neige et le gel, il
faut passer la carlingue du zingue au karcher à vapeur afin de le décongeler
avant le décollage (JFK n'est pas encore équipé de micro-ondes géants, ça aurait
été plus vite...). Le calvaire se termine, on décolle, il est 22 heures 30 (cela
ne fait que 4 petites heures de retard, mais si riches en évènements collorés
de toute nature qu'on en remercierait presque notre compagnie favorite...) Autant
vous dire qu'on n'a pas vraiment eu le temps de visiter Manhattan…
Sixième segment : Paris - Lyon Part-Dieu
Après tous les évènements de la soirée précédente, vous l'avez compris, nous
nous sommes posés avec deux heures de retard à Paris. Bonne nouvelle néanmoins
: Roissy n'avait rien de "fermé, l'activité y était normale et c'est sur une
piste que l'avion a atterri et non dans un champ de pavot comme on aurait pu
le craindre (par contre le pesonnel d'American Airlines qui donnait Roissy pour
fermé avait quant à lui probablement tapé dans le pavot…). Evidemment notre
TGV de 10 heures ne nous avait pas attendu (c'est bien à l'heure ces petites
choses là...). Chance (la roue tournerait-elle enfin dans le bon sens ?), le
prochain TGV direct Roissy -Lyon est à midi, donc assez optimisé (Hassan Céhef,
je vous aime !). N'ayant rien mangé depuis la veille après-midi à New-York,
nous nous sommes regardés et dits que nous allions agrémenter notre voyage en
en passant une bonne partie au wagon restaurant, dont la qualité, il convient
de le signaler, c'est très substantiellement améliorée depuis quelques mois.
Que cela eut été une bonne idée, mais " que nenni ma mie ", le bar, il était
fermé ! ! Là, c'est clair, cela relève du plus pur raffinement dans la torture
psychologique et biologique (Hassan Céhef, je vous hais !). Et devinez ce que
nous fimes en descendant du train à la Part-Dieu : eh oui, on s'est jeté sur
le premier vendeur de sandwiches venu et nous nous somme enfilés ces mets succulents
dans l'endroit le plus raffiné, le plus agréable et le mieux chauffé de la gare,
j'ai nommé : le sas des portes d'entrée ! Graves, les touristes… Aurait-on fini
par entamer notre enthousiasme pour les voyages au long cours (c'est long ou
c'est court ? ) ! Bien sûr que non !
Septième segment : le taxi pour Tassin
La preuve : on en redemande en montant dans le premier taxi venu qui,
il faut bien l'avouer, était nettement mieux entretenu que ceux de l'aéroport
de Caracas ! Sur ce segment, rien à dire si ce n'est que notre jeune chauffeur,
ou bien n'était pas propriétaire de son taxi et la moindre égratignure serait
retenue sur sa paie, ou bien avait eu sa licence il y a deux jours, car nous
n'avons pas dépassé le 60 (et ce n'était ni des miles nautiques, ni des " miles
" (prononcer " mailleze ") mais bien des kilomètres comme on dit par chez nous.
Il nous a fait un peu baisser la moyenne mais il faut bien admettre pour être
totalement honnête que, sur 50 heures de voyages, 10 minutes ne pèsent pas lourd…
Huitème segment : Tassin -Grenoble
On y croit plus : on attaque notre dernier segment !
Finalement, c'est partique une voiture perso (une vraie drogue, ces machins
là). On part quand on Veut, on arrive quand on Peut ! Mais quelle liberté, après
tous ces segments foireux, la lumière m'est enfin apparue : j'ai saisi pourquoi
l'automobile était devenue l'une des plus grandes industries des temps modernes
(comme dirait Charlot).
Après Ali Baba et les 40 voleurs, après Blanche Neige et les 7 Nains, voici
enfin sur vos écrans " La Bande des 4 et les 17 Segments ".
Ainsi se termine cette narration qui n'avait en fait comme seul objectif que
de divertir nos lecteurs assidus et par dessus tout nos deux amis très chers
: Evelyne et Gégé !
Que leur temps passé ( loin de notre civilisation trépidante) au calme des mouillages
et des baies des mers du Sud soit l'occasion de recharger leurs batteries "
personnelles " à tout jamais. Avec tout notre respect.
Jacques