Octobre 2000 - Gibraltar, nous voilà !

Récit d'un passage difficile qui éloigne Boisbarbu de la méditerranée. A nous l'Atlantique et sa traversée !

Gibraltar, nous voila ! Tu n'as qu'a bien te tenir ! En réalité, notre attitude était toute différente, très humble à l'idée de devoir passer ce célèbre "Rocher", puis son detroit. Il suffirait d'un vent un peu défavorable, pour nous interdire le passage vers l'Atlantique.

En effet, de par sa situation géographique, Gibraltar par vent d'ouest, soulève une mer cassée et confuse, et génère des ras de courant (sorte de marches d'escalier qui ne sont pas faciles à franchir). Sous l'effet Venturi du relief, le vent peut se renforcer et les courants s'accélérer. Nous avions donc pris toutes nos précautions pour passer. L'heure des marées, la direction et la force des courants, la météo, les hauts fonds, tout avait été étudié, afin d'optimiser notre manière de négocier ce passage. Le passage s'est fait en 2 étapes. La première, de Marbella jusqu'à Algesiras. 50 miles a couvrir. Nous sommes 3 à bord, puisque Denis nous a rejoint la veille. En début de journée, le vent d'ouest est franchement contraire. Puis il adonne au Nord-Ouest, et c'est par une longue courbe au près bon plein que nous arrivons vers le "Rocher". Malgré un clapot serré, Boisbarbu avance vite : 6, 7 ou même 8 nœuds.

Comme pour valoriser ce superbe décor, de nombreux dauphins nous accompagnent. Ils se font d'abord remarquer par une ou deux pirouettes à quelques mètres du barreur, puis très fiers de leur exhibition, cheminent aux cotes de Boisbarbu en venant se frotter contre sa coque.

Nous rejoignons facilement Algesiras, situe dans le nord ouest de la baie de Gibraltar. Tout au fond du grand port de commerce, nous découvrons un minuscule port de plaisance. Quelques pontons. Il reste une petite place, très difficile à accéder. Boisbarbu se faufile entre les chaînes des bateaux en place pour s'insérer dans son emplacement, comme un bijou dans son écrin, sous l'œil et les commentaires admiratifs du capitaine du port.

Ce fut une très belle journée de navigation. Le soir, Marc et Odile nous rejoignent à bord, chargés de nourriture et de petits cadeaux sympas. La deuxième journée dans Gibraltar doit nous faire passer le fameux détroit, entre Europe et Afrique. Boisbarbu s'est fait tout propre pour cette grande occasion : lavage complet du pont et des voiles, tôt le matin. Vers 10h (la marée nous avait prescrit cette horaire très raisonnable), nous quittons le port.

A la sortie de la baie, 2 voiliers se joignent à nous (ils ont du faire les mêmes calculs d'horaire). Nous rasons la cote espagnole sans difficulté. Le GPS nous indique notre vitesse réelle (on appelle ça la "vitesse fond"), ce qui permet très vite de savoir quand les courants nous aident ou nous refoulent. En début d'après-midi, on approche de la sortie du detroit. Il est temps de le traverser, en mettant le cap sur Tanger.

Il faut traverser les zones de courant les plus forts, ainsi que le rail : ce lieu ou les cargos et pétroliers se succèdent à des vitesses importantes, sans possibilité de dévier leur route. Nous avons de la chance, le trafic est raisonnable aujourd'hui. Le vent adonne, ce qui nous permet d'éviter de s'enfermer dans la baie de Tanger et de passer le cap Spartel, pointe nord ouest du Maroc. Le soleil se couche sur l'Atlantique. La journée a été excellente. Nous célébrons cela par un somptueux dîner: Marc avait apporté un civet de biche et une bouteille de Mercurey...

Gérard et Evelyne

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